Bonjour à tous,
Malgré le COVID et l'annulation de la course nous étions une dizaine à partir de Saint Pierre de la Réunion le jeudi 15 octobre à 22h comme cela était prévu. Le groupe s'est formé sur facebook. Les autres coureurs étant arrivés une semaine avant, ils s'étaient tous rencontrés et étaient en famille pour avoir une assistance sur le parcours. Pour ma part, étant arrivé seul le mardi, je découvre tout le monde sur la ligne de départ et je file mes précieux sacs de courses à l'épouse d'un coureur qui assure les ravitos.
Objectif : vivre une aventure de fou et profiter à fond car je ne pourrais plus retenter la Diag (pb de calendrier). Temps estimé entre 50h et 55h. Aucune préparation spécifique sur l'année, et environ 15km/semaine depuis début septembre, je mise tout sur l'ultra fraicheur et un mental d'acier
.
Comme nous faisons la course en "Off", il y a 2/3 contraintes : ravito impossible pour toute la traversée de Mafate, il faudra compter sur les épiceries ouvertes dans les ilets. Itinéraire non balisé donc tout à la montre GPS. Certain terrains privés sont fermés, donc il faudra les contourner.
Jeudi soir, 21h30 arrivée sur la ligne de départ. Pas de bousculade au programme
. Je découvre les 9 autres coureurs et leur famille. Les journalistes sont là, j'ai même mon moment de gloire lol. 3 groupes se forment, 1 binôme qui part pour 38h (un seul terminera en 48h), 1 groupe de 4 pour faire moins de 48h (2 finirons en 53h), et un dernier groupe pour faire entre 50h et 55h. Je suis bien entendu dans le dernier. Un seul d'entre nous a tenté la Diag il y a 11 et 12 ans avec 2 échecs. Mes camarades ont 27, 46 et 58 ans avec des profils différents (pistar, randonneur), mais la mayonnaise prends bien.
La première nuit se passe super bien. La météo est parfaite, légèrement chaud au départ puis entre 0° et 4° sur les hauteurs. Juste après le passage de nez de bœuf ma montre lâche, il faudra compter sur les montres de mes deux camarades. Le jour commence à se lever et nous réchauffe un peu, ce qui est bienvenu. Certains pâturages sont fermés, nous faisons donc un détour d'environ 5km et de 400D+/D- sur la route; pas très sexy mais nous ne perdons pas trop de temps... On déroule pour arriver à marre à boue vers 8h30 environ. Nous restons une trentaine de minutes pour préparer la première grosse difficulté du parcours. L'assistance "péi" d'un des coureurs nous a prévu du gâteau au manioc. C'est de la bombe (et ça change des petits beurres François
).
Allez hop! c'est parti pour Kerveguen puis la descente sur Cilaos. La montée est super longue mais passe super bien. L'entente au sein du groupe est excellente. Nous avons tous le même objectif et état d'esprit. Cela aide vraiment. Les paysages commencent vraiment à être extra-ordinaires. Le ciel est dégagé, nous prenons des photos qui sont juste magiques. La descente vers Cilaos est très dangereuse comme on s'y attendait (800D- en 2km) mais les points de vus sont fous!
Arrivée à Cilaos vers 12h. Nous restons 1h15 environ. Les locaux qui sont sur place nous ont vus hier à la télé. Tout le monde nous encourage, ça fait du bien. C'est l'heure de faire une douche à la lingette pour bébé, à poil dans le parc #attentatàlapudeur. Je mange du poulet sauce huitre avec du riz (j'en ai pris 2 barquettes le jeudi am, cela doit me faire mes ravitos pour les 3 jours...). Massage des pieds et on repart de nouveau, direction le Taïbit. Les sacs sont lourds, 4 à 5 L d'eau/personne + change + bouffe pour 18H de course. Je dois avoir environ 8kg mini à porter.
La montée juste avant le pieds du Taïbit est un calvaire. Nous y arrivons vers 17h. Nous profitons de l'assistance que nous ne reverrons pas avant le lendemain midi si tout va bien. On monte le Taïbit, pause syndicale pour prendre la fameuse tisane ascenseur qui nous réchauffe. Nous arrivons au sommet juste avant la tombée du jour. Fracture de la rétine, c'est magnifique! Nous descendons pour arriver à Marla vers 19h. On s'arrête dans un gîte pour faire le plein pour la nuit. Pour ma part samoussas + frites + mayo + bières + thé. La Rasta qui fait office de serveuse met 1 plombe pour nous servir, 1h45 au total... Certains gars de l'équipe commencent à piquer du nez donc nous profitons de la douceur du début de la nuit pour nous rouler en boule dans nos couvertures de survie en plein milieu d'un champ. 40 min plus tard il est temps de partir. On avance sans voir grand chose et on pique de nouveau un somme vers Salazie je crois. Encore 40 minutes et nous sommes réveillés par le vent et un froid glacial. Vient la descente infernale vers ilet à bourse. 1800D- d'une traite. Mes camarades sont au radar, je reste devant sur toute la descente. Je pense que nous avons mis 3h30 et nous arrivons au petit matin. 15 minutes de dodo roulés en boule en plein milieu du chemin (rien à f.... des randonneurs
. Mafate nous en met plein les yeux et nous arrivons au pieds du Maïdo vers 9h.
C'est parti pour 4H de montée. De légers nuages arrivent et nous évitent de cuire. Nous nous arrêtons 20 minutes à la possession qui est à mi-pente. Nous dévalisons une épicerie. Je résiste à la tentation de prendre encore une bière (celle de la veille était passée moyen) et je me dope à la "Cot citron". On repart et à 13h nous arrivons enfin au sommet tant attendu. Nous sommes sorti de l'enfer de Mafate, et réalisé en autonomie svp. Aucun bobo pour l'équipe, météo au poil, le moral va bien et nous sommes dans les temps. Bref le pieds! Je mange encore mon riz poulet, mais une des épouses m'a pris en pitié et m'a acheté une mini-pizza. Je la dévore et je bouffe aussi celle de sa fille (pas de blague Mymy stp), je suis en mode "australopithèque". Il commence à flotter donc nous partons au bout de 30 min.
Gros coup de moins bien dans la descente vers Sans Soucis. Je fais le dos ronds pendant une heure puis les jambes reviennent enfin. Nous arrivons au ravito de Sans Soucis vers 19h. Nous nous posons encore 40 minutes, un dodo de 10 minutes à même le bitume de parking et en avant. Cette partie de la course est horrible pour moi. Du bitume, nous montons dans les zones résidentielles et faisant une boucle sans aucun sens. Bref, un ineptie pour rajouter 15km et 1000D+. J'ai les pieds explosés, mais hors de question que je loupe le chemin des anglais où se trouve le prochain ravito. Je ne sais plus l'heure qu'il est mais il fait nuit noire, pas de pluie et une température correcte. La trace GPS est capricieuse et nous tournons en ronds pendant presque 2H avant de trouver enfin la trace pour traverser la rivière de galet. Nous arrivons au pieds du chemin et je retrouve (enfin) mon épouse qui est arrivée de métropole. Hormis mon odeur elle trouve que j'ai l'air en forme
(l'amour...). Il doit être environ 1h30 du mat, je décide de faire le chemin des anglais puis de m'arrêter à grande chaloupe. J'ai la conviction que le Colorado ne va pas m'apporter grand chose sinon 5H de souffrance inutiles qui vont ternir la fin de mon aventure. Et sans T-shirt à la fin, pas vraiment la motivation pour m'infliger cela.
Le chemin des anglais est une purge que je redoutais, mais je suis super content de l'avoir fait. 2H plus tard nous voici à grande chaloupe. Je laisse mes compagnons qui sont déçus mais qui comprennent. Aucun regret de mon côté (même aujourd'hui). Je les laisse partir avec le sourire et la conviction d'avoir bouclé mon aventure. Ils arriverons à la redoute en 57h30 avec 8km et 600D+ de RAB.
Sans doute la meilleure aventure sportive de ma vie. 53H positives et aucun mauvais souvenir, je n'espérais pas vivre tant de choses et d'en être toujours émerveillé (même si le la majorité du tracé après le Maïdo à peu d'intérêt). Bref, un goût de reviens-y, mais une nouvelle fois en off et un tracé rallongé dans Mafate qui s'arrêtera à la sortie du Maïdo. Date est prise, i'll be back!!!!
Bises à vous!