SWIMRUN ILE DE RE

C'est en 2014, à l'issue du triathlon de Paladru et après une saison ou l'Ironman de Roth n'a été que souffrance (bien loin d'un fameux sub 11 ), que j'ai arrêté la compétition.
Et puis 2017, j'abandonne définitivement le triathlon après deux saisons vierges, sans satisfaction, ni dans le sport, ni dans la gestion du club que je laisse aux mains du Grand Steph, sans aucun regret…
Et depuis, une bonne dizaine de kilos supplémentaires, mais toujours un peu de sport, à très petite dose, un ou deux footing par semaine puis un tour de vélo de temps en temps; et toujours sans forcer,et sans compétition.

Et puis, un jour, l'infernal binôme Allan et Nico qui balance une punchline sur un swimrun à l'ile de Ré. Avec ces deux gamins je m'attends à tout et comme ils sont très joueurs je ne peux pas me défiler, question de principe. Et puis le plaisir de les revoir, de repartager une compétition, un bon moment en perspective. Ne serait-ce que pour reparler du fameux stage en Ardèche, comme à chaque fois que l'on se retrouve. Bref, je ne résiste pas, j'irai à ce foutu swimrun le 18/09/2021 sur l'île de Ré avec eux. Nous sommes à l'automne 2020.
Le 26 décembre je trouve mon binôme et le 23 janvier inscription sur le M (13 km de cap et 3,4 de nat en 2x7 tronçons) en duo avec mon frère.  Je crois que le plus facile est fait.

Maintenant il faut aller nager : ceux qui me connaissent le savent, la natation ce n'est pas, mais alors pas du tout mon truc. Et ce COVID qui laisse les piscines fermées et le temps qui passe et toujours 0km de nat à la fin juin (je n'ai pas nagé depuis 2017). Enfin les piscines ouvrent leurs portes et la 1ère séance se fait à la Source en bassin de 50 mètres le 9 juillet.
Le plaisir de croiser Arnaud dans les vestiaires, toujours bronzé et sec comme il y a sept ans. Il me reconnait à la voix (lol pas au physique, je rentre mon ventre pendant que l'on papote deux minutes). Et hop dans l'eau. Alors comment dire?
Je dois faire bonne figure devant mon cadet, qui en tant qu'ancien footeux est censé nager moins bien que moi. Je prétexte une reprise souple et décrète le pullbuoy obligatoire (il est autorisé en swimrun). C'est parti. Au bout de 300 mètres je suis carbo et la séance ne fera que 1200 mètres : une éternité et un calvaire.
C'est mal barré.
Je profite du mauvais temps estival pour aller nager à la piscine découverte de Fay dans laquelle il n'est pas rare que je sois seul dans l'eau. Un carnet de dix tickets pas plus. Une séance à la piscine Inox de Châteauneuf et c'est tout pour les séances en eau chlorée. Le reste se fera en mer et à l'Etang de la vallée.
La course à pied c'est aussi une à deux séances par semaine en aisance et maximum une heure.
Deux mois comme çà et avec le frangin ont prend de l'assurance. Les séances à l'étang de la Vallée sont finalement un plaisir. Les combinaisons de swimrun empruntées (merci à Polo et Christophe) sont très pratiques malgré une taille un peu juste, surtout au niveau de la ceinture abdominale. Nager en pullbuoy et baskets aux pieds (sans plaquettes pour nous, on n'y gagne pas grand-chose) c'est assez cool.
On fera quatre ou cinq cessions de swimrun à l'étang de la Vallée avec mon frère et on a pris un pied terrible. En fait, j'attendais cette séance de swimrun du vendredi avec impatience.…
En nageant, je pense sans cesse à coach Steph en appliquant les principes qu'il nous assénait lors des séances à Chécy. Merci mon Steph.
En courant, depuis quelques temps mon iliaque endofibrosée me chatouille et la petite douleur à l'effort apparait. Je pense alors à mon pote Yan, pour qui le sport n'est plus que souvenir. Je serre les dents et demande à mon frangin de ralentir en prétextant de courir plus lentement pour nous préserver.

Quelques séances en mer durant ma semaine de vacances sur l'Ile, toujours en pullbuoy et la date du 18 septembre qui approche.
Nico et Allan sont alignés sur le L, j'apprends que Boule sera là aussi, sur le M, avec Félix. On apprend aussi que les courses seront support des championnats de France.

Arrivée sur l'île la veille, prise des dossards, location de combinaisons plus en accord avec notre morphologie. Essayage dans la foulée de ces nouvelles combinaisons vraiment top (MAKO) pendant quinze minutes en mer et retour à la maison pour une soirée souple avec un diner frugal et un dodo de bonne heure.
Et je sens la pression qui monte. Allan et Nico ont, quant à eux, plutôt descendu les pressions, avec mon Grégos qui n'est jamais le dernier dans ces coups de temps là. Ils le paieront cash.
Un stress qui monte un peu, et qui me rappelle les veilles de grosses compétitions jadis. Toujours cette appréhension de la partie natatoire. Heureusement 3,4 km c'est quand même pas énorme. Peut-être aussi le fait d'être en binôme et surtout le plus vieux et le plus expérimenté dans ce genre de compétition; l'obligation d'être à la hauteur et d'être leader. Je cache évidemment ce stress à mon frérot, mais vivement le départ parce que je n'aime pas cette sensation.
Une nuit pas top ou le concours du plus gros ronfleur est engagé dans la fratrie. Match nul visiblement, on a mis les boules Quiès tous les deux.
Réveil tranquille et attente du départ vers le site pour midi, heure du briefing.
C'est bon de retrouver l'ambiance d'une aire de départ, les préparatifs, les rencontres avec d'autres athlètes, les échanges, …Ici en plus pas d'arbitre et très peu de règle, et surtout pas de contrôle. Il y a une puce avec quatre points de passage sur le parcours et les bouées à passer main droite avec un mec en paddle au niveau de la bouée. Seules les baskets sont obligatoires, le reste est facultatif mais 98% sont équipés d'un pullbuoy et de plaquettes. Les Maho seront sans plaquette et j'ai vu 2 binômes sans pullbuoy ni plaquette.
Pour le reste il y avait environ 700 personnes sur les trois courses L, M et S, en duo (majorité) ou solo, avec ou sans longe entre les binômes.
On retrouve Allan et Nico pas très frais et on croise aussi Boule et Félix qui me disent vouloir jouer le titre de Champions de France. Je discute aussi avec Christophe St Martin qui fera une très belle course(3ème  au scratch et 1er en mixte sur l'open).
Départ des bus vers la ligne de départ. La tension monte crescendo, pourvu que je sois à la hauteur et que je ne déçoive pas le frangin. Pourvu que la mer ne remue pas trop.
Aux entrainements swimrun en étang je sortais de l'eau toujours un peu devant, et en piscine nous avions quasi le même niveau.Idem en cap. On a établi un pointage estimatif afin que notre accompagnateur (merci mon Biv) puisse nous suivre et faire un petit reportage photo.
14h30, départ des participants au championnat de France et dix minutes plus tard c'est à nous, une vague d'environ 300 personnes. 3,5 km de course avant le premier plouf mais ça bouchonne en passant dans un tunnel étroit sous les remparts de St Martin de Ré. Finalement on trouve un rythme et on commence à doubler. Le cœur monte bien, l'iliaque ne bronche pas, les sensations sont bonnes, et j'attends finalement l'eau avec impatience.
Devant la prison on descend par un escalier en pierre pour le premier tronçon nat de 500 mètres. Les nageurs sont étirés et pas du tout de baston dans l'eau, à l'inverse des départs en triathlon.
Dans l'espace protégé par les remparts l'eau est calme, mais après les murs d'enceinte, on sent bien la houle et il faut bien lever la tête pour voir la bouée.
Interminable ce 1er tronçon mais je sors devant le frangin, tout va bien. On enchaine, et le plaisir est là. On ne court pas très vite mais suffisamment pour doubler du monde et on profite de la natation pour souffler en fait. Le vent est favorable et la mer se calme, certains passages sont tellement agréables que je prends même du plaisir çà nager. Si, si!
On alterne avec le frérot, un coup lui, un coup moi devant mais on sort toujours de l'eau à quelques secondes d'intervalles. La fratrie est solide et bien huilée. Des tronçons de course à pied dans le sable, sous les pins, sur le port, sur du calcaire. Et la ligne qui approche. En fait après le deuxième tronçon de natation les positions resteront quasi figées. C'est sur le départ que l'on a perdu du temps. Même pas mal!
Sur les deux dernières nat, on voit déjà l'arche l'arrivée. Avec le frangin on décide de profiter au maximum de ces derniers moments et on s'applique à bien nager et bien courir. On double à pied ceux qui nous doublent en nageant et recipro-inversement. Déjà les 300 derniers mètres de nat, on le regrette, presque. On passe bien-sur la ligne ensemble avec la banane et on n'est pas peu fier de nous.

Voilà. Un défi, certes minime, mais un défi relevé avec panache et fierté et surtout beaucoup de plaisir. Le challenge de retourner à la piscine, de suivre un plan d'entrainement, de remettre un dossard, d'assumer les kilos superflus. Le bonheur de partager ça avec son frère.

Des bénévoles au top, une organisation bien huilée, une ambiance excellente, une météo idéale, et le chrono qui répond : une belle course et surtout une super aventure avec mon frérot. Une ambiance cool loin des chronos et des pimpims du triathlon obnubilés par  leur matos et leur chrono. On est plus dans l'aventure que dans la compétition, il n'y a d'ailleurs toujours pas d'arbitre, pas de classes d'âges, un peu à l'instar du trail. Un autre esprit des courses enchainées, bien éloigné des labels IM et autre Challenge.
Finalement Boule et Félix sont sacrés champions de France avec un joli podium et une Marseillaise. Un big Up pour eux, vraiment la classe.
L'ASFAS TRIATHLON a quand même bien brillé avec deux licenciés (Nico et Christophe CHENUT vu aussi dans les classements sur le M en solo mais pas croisé sur le site) et Allan, Christophe, Boule, Félix et moi, anciens ASFASIENS. Mais ASFASIEN un jour, ASFASIEN toujours.

Ah au fait, avec mon frangin on a finalement acheté les combinaisons de location au lieu des rendre, alors…

PS Pensée à mes potes François et Seb qui eux aussi vont vivre une belle aventure en binôme. Leur course est certes hors norme par rapport à ce petit swimrun, mais peu importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse.

Merci Phil pour ce long CR et bravo !
ça donne envie !
Bon Polo, ça fait trop longtemps qu'on repousse à cause de nos blessures, là faut y aller !

PS: Chapeau à Boule et Félix !

... de la lecture pour 3 jours

merci Phil pour ce compte rendu.
effectivement cette course à l'air d'être un bon rendez-vous de copains )