Début 2007, nous étions 3 à vouloir courir cette 13ème édition du festival des Templiers. Bertrand, Guillaume et moi. Fort de notre expérience de 2005 (et 2004 pour Bertrand) nous voulions à nouveau nous emparer du tee-shirt de Fninsher.
Rien fait en 2007, aucun triathlon, juste quelques courses à pied et trails avec les copains de l'ACIL. Seul "objectif" Les Templiers.
Première mauvaise nouvelle début septembre, Bertrand en raison de douleurs à sa cheville meurtrie par une fracture au mois de février sur le tracé de la Diagonale des Fous, décide de ne pas participer à l'épreuve. Juste avant Gégé nous avais fait part de son souhait de tenter l'expérience. Je me réjouissais déjà du trajet en voiture
Bertrand, Gégé et moi avons chacun nos sujets de prédilections (arbitrage, élitisme, Dakar…), les débats s'annonçaient de qualités et Guillaume aurait été là pour jouer le rôle (indispensable pour arriver ensemble jusqu'à Nant) de modérateur ! Sans Bertrand c'est plus pareil, les "ça va gicler dans les bosses" ne résonnent pas de la même façon, nos vannes n'ont pas la même saveur
Même si Gégé se défend très bien en la matière !!!
6 jours avant le départ, une autre mauvaise nouvelle tombe. Fracture de fatigue au métatarse (un orteil des doigts de pieds) pour Guillaume. Coup de mou là ! Mais Guillaume vient avec nous dans le Larzac pour jouer les conseiller /supporter / nounou / ami. Certes ça n'enlève pas notre déception (sans aucune mesure comparée à la sienne) de ne pas le savoir sur la ligne de départ avec nous mais c'est 'ach'ment sympa de sa part. de faire le déplacement.
Le trajet Tours / Nant avec la Twingo (l'équivalent en 4x4 de la marque Volvo) de Gégé se fait plus rapidement qu'il y a deux ans et ce n'est pas en raison d'arrêts moins longs… Ce n'est pas par hasard si notre chauffeur à fait 4 fois le Dakar à moto et s'apprête à le disputer en 2008 pour la première fois en voiture (moi j'veux bien faire co-pilote de Gégé, mais sous anesthésie générale. De toutes façons je ne suis pas sûr qu'il veuille de moi comme co-pilote !!!)
Fidèles à notre réputation ce trajet fut l'opportunité de lancer quelques vannes, histoire de faire monter un peu la pression. A la veille de la course, Gégé ne sait toujours pas ce qu'il est venu faire là ! A part me mettre une taule bien sûr
Dimanche matin 5H30, nous courons. J'attends le carrefour du 2ème kilomètre pour faire un signe à notre coach / nounou Guillaume. C'est bon il était là, c'était important. Alors que je devais ouvrir la route à Gégé, fort de ma grande expérience du trail et des Templiers, c'est le contraire qui se produit. Parce que Gégé lui il ne porte pas de lunettes alors que moi avec la nuit et la buée je me retrouve très "limite". Le jour s'est levé depuis quelques minutes et ne tenant plus je m'arrête faire une première pause, en raison de quelques soucis gastriques, malgré mes doses d'immodium. Je sens que mon premier arrêt n'est pas forcément du goût de Gégé. Pas grave, on continue.
Cette année l'assistance en course sur les lieux de ravitos est autorisé. C'est donc sur le premier ravito, au 14ème kilomètre (1H35 de course) que Guillaume nous attend. Sous le regard ébahi des nombreux spectateurs présents le changement de sac se fait en moins de 5 secondes. Guillaume a du bosser la transition en nous attendant. 1 kilomètre après le ravito, je regarde Gégé et lui dit "Gégé, Guillaume n'a pas rempli ma poche Camelback" (là j'ai été très digne. Comprenez que je n'ai pas pleuré et que je me suis pas fait caca dessus). Un traileur entend mes propos (en fait mes gémissements et mes pleurs) et me tend sa bouteille d'eau qui doit contenir 20 cl. Pour tenir 3H30 j'ai peur que ce soit juste… Et là coup d'bol. Au pied de la voiture d'un commissaire, il y a une trentaine de bouteilles d'eau entamées, que les traileurs ont jetés avant d'entamer une montée. Nous voilà, Gégé, le commissaire et moi en train de remplir mon Camelback. Je sens bien que ça énerve Gégé cette histoire. 1 minute après, alors que nous patientons (pour la seule fois de la course) dans la bosse, je demande à Gégé si il peut me sortir de mon sac ma ceinture élastique avec mes gels. Je sens bien que ça énerve Gégé cette histoire. Il ne trouve pas l'ouverture du sac, je me débrouille (ba ouais des fois, sous la pression je peux être autonome). 1 kilomètre plus loin, je sens mon dos froid et mouillé. "Gégé je crois que j'ai ma poche camelback qui fuit". Puisque Gégé ne me propose pas de nous arrêter pour voir ce qu'il en est, on continue de courir. . Je sens bien que ça énerve Gégé cette histoire. Je ne cache pas que je stresse un peu de savoir que mon sac se vide. Une fois que j'ai eu le dos, les fesses, les cuisses mouillés je me décide à m'arrêter (sans rien dire à Gégé, pas fou le mec !). Effectivement ça fuit et j'ai maintenant la certitude que je ne peux rien faire, car ça vient de la poche. Il n'y a plus qu'à espérer que j'ai suffisamment de flotte pour tenir jusqu'au prochain ravito, qui n'est plus que dans 3H15…
Quelques minutes passent, j'ai rattrapé Gégé et j'ai encore envie de m'arrêter, à nouveau en raison de mes problèmes gastriques. Bizarrement je ne dis rien à Gégé et je m'arrête. Vu le temps passé "au stand", je ne cherche pas à rattraper Gégé. Que je retrouverais dans une montée 2H00 plus tard peu de temps avant le deuxième ravito. Deuxième ravito sur lequel Guillaume nous attend. Gégé qui est arrivé juste avant moi repart juste avant moi en me disant qu'il part en marchant pour m'attendre. Je le reverrais au ravito suivant, 1H30 plus tard. Entre temps, j'ai souffert dans la Crête du Suquet (sans pour autant faire une "Haudegond"). Quand il s'agit de marcher dans les montées je me fais larguer et quand je peux courir dans les montées je reviens sans difficulté et sans forcer sur ceux qui m'ont largués. La descente se passe bien. Au ravito, bien sûr Guillaume est là. Je repars 1 minute après Gégé que j'aperçois dans la bosse. Je ne le reverrais plus. La montée se passe bien. Je m'étais promis de ne pas courir pour ne pas laisser trop de forces. Erreur que j'avais commis en 2005. Je suis sérieux je ne cours pas. Mais cela fait déjà 2 heures que j'ai des contractures et des petites crampes et ça ne s'arrange pas. Arrivé sur le plateau (qui n'est pas franchement plat) je perds des places sur le plat et dans les légères descentes et je reprends les places perdues quand il s'agit de courir dans les montées dans lesquelles ceux qui m'ont doublés marchent (comprendo ?). La foulée est très rasante, c'est dur mais je garde le moral et j'avance. La descente de St Sulpice sera un supplice et se fera en marchant dans son intégralité (là ou d'autres y seront contraints plus tard en raison des bouchons) tellement j'ai mal aux pattes. Je me rapproche du dernier ravito, les spectateurs sont sympas et m'encouragent, je plaisante avec eux, mon bob fait un malheur (n'en déplaise à Fabrice). Guillaume est là, à nouveau (put… comment ça fait plaisir), a préparer non pas une chaise mais un fauteuil (la grande classe), me sert mon ravito, me masse, m'encourage. Je m'accorde cette fois-ci une vraie pause dont j'ai besoin physiquement et moralement (même si tout va bien moralement, mais c'est dur quand même). Juste avant de partir Guillaume me dit qu'il reste 13 bornes, je croyais qu'il en restait 9… Pas le choix de toutes façons il faut y aller. Je continue de courir dans les montées qui n'ont pas de fort pourcentage, je remonte quelques places, que je reperds dès que ça descend. Nous sommes en train de courir sur le nouveau tracé, jusque là jamais emprunté. C'est long et difficile. Un marquage au sol nous indique l'arrivée à 3,9 kilomètres. Les forces reviennent pour la plupart d'entre nous, même si on double des zombies qui airent dans un état second, voir tertiaire. La dernière descente est délicate à appréhender, on s'accroche aux cordes avant d'aller s'emplafonner dans les troncs d'arbre, plus trop de forces pour se retenir…
A 500 mètres de la ligne, j'entends qu'on m'appelle, c'est Alain, un licencié de l'ASPTT de Tours. J'avance un peu, je l'attends, nous finissons ensemble. 10h11mn.
Devinez qui m'attend juste après la ligne ? Guillaume
Gégé a terminé en 9H50. C'est sûr que si je n'avais pas été obligé de sauver la vie de 3 enfants, de 2 tigres et d'un tapir j'aurais terminé devant lui, mais bon d'un côté ça lui fait tellement plaisir… Bravo Gégé.
Je ne me souviens plus si je vous ai parlé de Guillaume