Sur une idée de Greg (je vous parle d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître...) qui republiait sur son compte Facebook un excellent
texte sur Alain paru dans Trifase le journal du club il y a presque 20 ans, et qui me demandait d'en faire de même, j'ai retrouvé un texte de 2008 (j'en avais 3,4 comme ça) que je n'avais jamais envoyé, car je le trouvais peu intéressant. Mais comme j'y place une vanne sur Greg, c'est l'occasion...
Contexte : on me demandait souvent comment je faisais pour faire autant de stop à une époque (45 000kms en une année en 94-95...) alors j'avais écrit ce petit texte inspiré d'anecdotes que j'avais toutes vécues.
Le stop :
Pour cause de voiture en panne, de minibus plein, de grève des transports ou je ne sais quoi, vous pouvez être amené à vous déplacer en stop. Pas de panique, je vais vous expliquer ce qu’il faut faire et ne pas faire…
Premièrement, voyagez seul. En effet, 2 mecs ensemble, ce n’est pas rassurant pour les gens. Surtout si vous êtes avec Greg : avec sa moumoute sur la tête, il fait peur.
Il m’est arrivé une fois d’être bloqué plusieurs heures à une station, et d’essuyer un refus à chaque fois que je montrais du doigt mon camarade, proche du quintal, affalé par terre et ronflant devant la machine à café...
Ou alors voyagez avec une demoiselle, cachez-vous et faîtes le coup du "j’étais parti faire pipi". Etonnant de facilité.
A l’inverse, si vous êtes une femme, ne faîtes pas du stop toute seule.
Une fois un routier transportant du saint nectaire s’est arrêté alors que j’étais planqué dans le fossé et a sorti à mon amie : "vous je vous prends, mais pas lui" et n’en démordait pas.
Une autre fois, j’ai vu 4 jeunes piler et courir après 2 auto stoppeuses sur une voie rapide. Une femme s’était arrêtée en catastrophe pour les prendre.
Eviter aussi de faire du stop avec votre fille de 3 ans alors que vous avez raté le bus pour l’école et que vous êtes en retard pour un examen important à la fac. Surtout si c’est la maîtresse qui s’arrête … ça la fout mal ...
Voyager léger mais pas les mains dans les poches. Eviter tout ce qui est encombrant, vélo, skis, surf, et cartons de déménagements (hé oui, j’ai déjà déménagé ma chambre d’étudiant en stop).
De même éviter le stop avec la trottinette sous le bras qu’une jeune fille vous aura gentiment offert à l’assemblée générale du club. C’est pratique pour gagner du temps dans le métro et sur les trottoirs à Paris, mais c’est s’attirer des embrouilles au péage si vous croisez les gendarmes (ils ont cru que je faisais de la trottinette sur l’autoroute).
En parlant de ceux-ci, sachez qu’ils ne sont là que pour vous embêter. Vous êtes forcément suspect. S’ils acceptent gentiment que vous empruntez leurs toilettes, ne leur dîtes surtout pas que vous êtes auto stoppeur sinon c’est un contrôle en règle. De même, éviter de faire les 2 kms qui vous séparent du péage entre Dourdan et Saint Arnoult sur l’autoroute, même si c’est le long du grillage de l’autre côté de la barrière au milieu des arbres. A moins de courir vite.
A l’inverse, ne courez pas vite mais couchez vous à plat ventre derrière un bosquet et ne bougez surtout pas si vous effectuez de nuit les 2 kms qui vous séparent du péage de Tours Nord de la station service et que l’on vous a repéré (les autoroutes sont l’endroit le plus surveillé de France..). Les gendarmes vont passer au ralenti sur la bande d’arrêt d’urgence, s’arrêter plusieurs fois et scruter à la torche le moindre mètre carré. Expérience enrichissante toutefois car celle d’être dans la peau de l’ennemi traqué.
Choisissez bien votre emplacement : n’hésitez pas à descendre bien avant, si la destination de votre chauffeur est un petit péage désert ou si le voyage est effectué de nuit. Préférer les stations services et les grands péages.
Avec l’habitude, on peut trouver des emplacements stratégiques, surtout pour sortir des grandes villes (le pire : Bordeaux). Pour cela, repérer un resto routier par exemple, et avec un plan de bus et de la ville, trouver le chemin qui s’en rapproche.
Une autre règle est de toujours savoir où on va et où l’autre va. Savoir précisément où la personne va et s’adapter en conséquence. Parfois, certaines personnes prennent pour faire plaisir et vous lachent dans un endroit paumé ce qui est pire que de ne pas avoir bougé.
La technique de l’écriteau a ses adeptes : elle permet d’effectuer de grands trajets, mais mieux vaut inscrire une destination toute proche, pour augmenter ses chances. Souvent les gens vont bien plus loin, et une fois le loup entré dans la bergerie il est difficile de le faire sortir (ça ne m’est arrivé qu’une fois qu’on refuse de me garder).
L’inconvénient de l’écriteau c’est qu’il ne vous laisse pas de marge de manœuvre en cas de mauvaise rencontre. Il est préférable que ce soit vous qui demandiez où les gens vont plutôt qu’eux qui sachent où vous allez. Il est donc préférable de s’adresser directement aux gens, de faire son marché en clair, surtout que cela est plus rapide.
Et demander plutôt si les gens vont dans la direction de telle ville, au lieu de leur demander s’ils y vont.
Eviter le vieux couple dont le mari va aux putes. Ca m’est arrivé une fois. C’était la quatrième dimension : la femme balançait tout par la fenêtre, quittait la voiture, le fils de 13-14 ans allait la rechercher, et le mari discutait foot pour ne pas perdre la face.. c’est drôle mais vous perdez un temps fou.
Avec les couples belges, c’est amusant aussi : ils appellent (à 1h du mat’ !) leurs voisins pour leur dire qu’ils ont pris un auto stoppeur et ça les fait beaucoup rire !
Les mauvaises rencontres sont très rares : une, surtout, à Marseille, en 1994. 5 jeunes en camionnette m’avaient pris. J’avais hésité, je ne le ‘sentais’ pas. Au bout de 5 kms, je me prenais déjà des claques (que je redonnais). Puis ils n’avaient pas voulu me laisser descendre à l’endroit convenu, et au lieu de cela, on avait pris des routes de plus en plus petites, pour finir sur un chemin de terre dans une forêt, où étaient cachées des battes de base ball dans le fossé. J’ai gardé mon sang froid mais je n’en menais pas large. Autre mauvaise expérience, un chauffard avec qui je suis passé entre un camion et une voiture sur une route à 2 voies, entre Orléans et Chartres, là, je me suis vraiment vu mourir ; un autre qui était drogué et conduisait tellement mal que j’ai préféré descendre.
Les bonnes rencontres sont beaucoup plus fréquentes. Celle il y a 15 ans avec la médium qui m’a prise en stop alors que j’étais en béquilles, sous la pluie, le pied a l’air, et qui a lu dans mon pied que j’avais une sœur jumelle. Le trajet dans la voiture de course à 230 km/h sur une autoroute déserte entre Limoges et Poitiers, et à l’opposé le trajet entre Rambouillet et Chartres, à 60-70 km/h dans une décapotable de collection, et les dizaines de rencontres intéressantes.
Par contre, je dois vous prévenir : depuis que l’on se fait jeter systématiquement des péages désormais, cela devient de plus en plus difiicile.
Bonne chance et on attend vos compte rendus dans Trifase !
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