Voici mon vrai "résumé" : (qui s'adresse également à des non-triathlètes)
Pour les courageux, je vous conseille d'aller le lire aux chiottes, pour ne pas perdre trop de temps, mais j'ai l'excuse d'être "deux" dans mon récit... J’ai la lèvre inférieure qui tremble, et des larmes qui coulent sur mes joues, le corps plein de frissons, et des fourmillements dans la colonne vertébrale…
Mais pourquoi je chiale là, ici, en ce 1er juillet 2018 à 7h10 du matin, au bord d’un canal à Roth, au beau milieu de la Bavière Allemande, me direz vous ?
Et bien parce que ma belle est à quelques dizaines de mètres de moi, dans l’eau et qu’elle est à quelques secondes du départ du plus gros défi sportif de sa vie…
Nous sommes pourtant plus de 4000 à prendre le départ, sans compter les milliers de spectateurs qui s’amassent autour de ce départ natation, et le petit groupe d’amis qui se préparent pour leur futur départ, mais il n’y a que moi qui sait…
Oui, je sais…
Je connais toutes les barrières, les murs, les immenses fortifications que ma belle à contourné, franchi, voir démoli … Et c’est pour cela que je n’arrive pas à contenir cette émotion, ces larmes de joie, de fierté et d’admiration.
Que de chemin parcouru depuis ce jour de septembre ou Yolande et moi validons notre inscription pour l’Ironman de Roth…
Ce sera personnellement mon 4ème, et avec la ferme intention cette fois d’aller titiller la limite, de se battre contre le chrono. Mais je sais, malgré ma petite expérience de seulement 5 ans de triathlon, que plus on s’approche du fil du rasoir sur ce genre de course, et plus les risques de crash sont importants.
Pour Yolande, ce sera son premier… Je ne lui dit pas, mais ça me fait peur… Au moment de l’inscription, elle n’est pas, selon moi, assez prête à ce moment pour affronter ce mythe… Après plusieurs hésitations, elle fait le choix de me faire confiance pour sa préparation.. Je vais relever le défi car le coté préparation physique, mentale, diététique me passionne autant que le sport en lui-même. Mais quelle pression quand même…
Nous voici donc au début de notre plan , en février, les pieds dans la neige.. 5 mois de prépa partagée intégralement à deux (plus quelques sorties avec les potes de clubs), on adaptera juste quelques séances par ci, par là, car Yolande a de grosse carences en fer et il va falloir s’adapter pour ne pas créer trop de fatigue aux mauvais moments.
C’est d’ailleurs une des nombreuses raisons pour laquelle je chiale au bord de mon canal !
Les médecins étaient très pessimistes quand à la réussite de cet IM en juillet, et lui ont même conseillé d’en abandonner l’idée.
Elle n’a pas baissé les bras, c’était déjà le signe qu’en fait je me trompais lorsque je doutais d’elle, c’est une guerrière et cet état d’esprit lui servira lors des coups de mou lors de la course.
Quelques centaines de km de natation et de course à pied, quelques milliers de km de vélo, 1 M et 2 half de prépa, et nous y voici, à ce fameux 1er juillet !
Nous partons quelques jours avant sur place avec les amis et les potes de club. Quel accueil de la part de notre cher et tendre Stephan…
Un énorme merci Steph, Lesley, Sophie, Christine, Céline, Cécile, Christophe, Rui, Benjamin, Julien, Nicolas, Hervé pour ces moments de partage… La saveur d’une telle épreuve est décuplée lorsque qu’elle est partagée de la sorte..
L’ironman de Roth est un des plus populaire du monde, des copains de club l’ont déjà fait à de nombreuses reprises et les avis sont toujours dans le même sens : il faut le faire au moins une fois dans sa vie pour connaitre la ferveur de cette course de l’intérieur.
Tellement populaire d’ailleurs que l’inscription est plus compliquée que d’avoir des places d’un concert de U2 ou d’AC/DC… les 4000 dossards partent en 45 secondes à l’ouverture des inscriptions.
Après toutes les formalités habituelles, retrait des dossards, des cadeaux, visite de l’immense village, on se rend compte du truc :
Tout est en grand ici, et l’organisation est hyper clean. Dépôt du vélo le samedi et là, on y est…
Enfin ! On ne peux plus reculer, on y est, on est dedans !
Vivement demain matin qu’on entende enfin le coup de canon du départ libératoire pour valider tous ces longs mois d’entrainement.
Le dimanche matin, nous décollons donc à 4h30 du mat’, pour arriver à 6h au parc à vélos. Derniers préparatifs, gonflage des pneus, nourriture, bidons, etc…
Le départ est divisé en une vingtaine de vagues de 200 concurrents à 5minutes d’intervalle chacune. Les pros partent dans la première vague à 6h30 , puis cela s’enchaine.
Yolande part à 7h10, elle stresse, logiquement… Tout s’emmêle, émotion, stress, peur, plaisir, le grand saut dans l’inconnu.
J’ai peur…
je m’inquiète pour ma belle… Et pourtant je sais que dès qu’elle sera partie, tout cela s’estompera pour faire place au déroulement normal d’une épreuve bien préparée, et maintes et maintes fois répétée.
7h… Je vais avec elle dans le sas d’attente.. Bisous, tendresses , réconfort pour tous les deux. Puis arrive le moment de se préparer à rentrer dans l’eau à 7h05. C’est le coach qui aura le dernier mot : « maintenant tu y es, tu est prête, tu te mets dans ta bulle et au coup de canon tu déroules le plan qu’on a longuement préparé ensemble »
Mais c’est bien le compagnon qui va discrètement derrière les grillages pour aller observer le départ de son âme sœur avec de grosse goutes sur les joues.
7h10, sa vague part… Je regarde cette masse de nageuses s’éloigner avec le cœur à la limite de l’explosion..
Maintenant, il faut que je penses et me concentre sur ma course car mon départ est à 7h35, même si mes pensées iront forcément vers elle tout au long de la journée. D’après nos savants calculs, je devrait la rattraper en vélo vers 15 ou 20 km et ensuite la revoir quelques heures plus tard en course à pied.
Derniers préparatifs, en fait j’avais oublié de préparer plusieurs choses, puis j’enfile ma combinaison pour rejoindre les copains qui partent dans la même vague que moi.
J’ai réussi, non sans mal, à me mettre dans ce mode « départ au combat » que dans les derniers instants, juste après la dernière accolade et bise aux copains .
Je me remémore les objectifs savamment calculés et annoncés sur la « place publique » du club, ce qui met un peu la pression : Objectif, passer sous les 10h45 au final, avec une natation (3800m) en 1h09, un vélo raisonné (180km) en 5h27, et surtout une course à pied prétentieuse pour mon niveau (42km) en 3h57, plus quelques minutes à chaque transition.
Sur le papier, si pas de grain de sable, ça doit pouvoir passer. Mais quiquonque a déjà fait un IM sait que les surprises ne manquent pas sur ces longues et difficiles courses, c’est d’ailleurs pour ça qu’elles sont si captivantes.
BOOOMMMM !!!! C’est parti ! L’avantage du départ en vague de 200 concurrents et dans l’eau, c’est qu’on évite trop de bousculades et qu’on part quasi de suite dans un bon rythme pour poser sa nage.
La navigation est facile, vue qu’on est dans un canal et qu’on se limite à un bout droit avec demi-tour additionné d’un petit retour final.
Rien de bien passionnant pendant cette natation, je m’applique, je cours déjà après le chrono, sans me cramer.
A la sortie de l’eau, même pas le temps de me mettre debout que 2 bénévoles m’empoignent pour m’aider à sortir, petit coup d’œil sur ma montre qui m’indiquera un 1h10 un peu décevant.
J’attrape mon sac de transition, cours dans la tente pour me changer au milieu d’une flopée de triathlètes. Une bénévole m’aide à sortir et ranger mes affaires, quand on vous dit qu’ici c’est une orga parfaite…
Chaussettes, chaussures, bouffe dans les poches, gants et c’est parti pour aller retrouver mon spad qui m’attendait impatiemment pour passer les prochaines heures ensemble, comme tous les dimanches des derniers mois.
J’enfile mon casque et ma ceinture porte dossard, et je …. Pisse ! Ah oui, depuis le milieu de la natation j’en ai furieusement envie, mais contrairement à certains, je n’arrive pas à pisser en nageant.
Et comme c’est hors de question de perdre du temps pour aller aux chiottes qui sont à 200 mètres, et que si un arbitre te voit pisser le long d’un fourré tu risques une pénalité, et bien c’est pipi culote !
Départ à vélo, je suis hyper motivé à l’idée d’aller rejoindre ma belle, donc je pars assez vite.
15ème kilomètre… rien !
20ème … toujours rien !
25….. et …………. Purée toujours rien !!!
J’ai du doubler Yolande dans l’eau, donc cela veut dire que sa natation s’est mal passé.
30…. J’abandonne l’espoir de la rejoindre et suis désormais persuadé qu’elle est derrière moi, et dans une longue course qui débute mal…
Je ne pense plus qu’à ça, j’ai réduit l’allure, je suis complètement déconcentré.
Au 40ème, l’ami Rui , parti 5minutes après ma vague, me double et me demande si j’ai vu Yolande… Et si lui ne l’a pas vue, c’est qu’elle est très loin derrière !
Hervé me double aussi, il me parle, mais je n’ai même pas entendu ce qu’il m’a dit. Je suis ailleurs…
En fait, je ne suis plus dans ma course et suis tombé dans le piège dont m’avait déjà parlé l’ami Seb lorsque ta moitié partage la même épreuve que toi…
Puis arrive l’étincelle !
Elle est là bas, à 100m devant moi !!!
Je ne la rattrape finalement qu’au 45ème kilomètre… Quel soulagement, elle a une banane d’enfer et a nagé dans ses objectifs… Elle roule bien, s’est mise en route de suite, et mes savants calculs sont en fait une belle daubasse !
Quel con !
On va discuter quelques instants, cela me fait le même effet qu’une boite d’épinards à Popeye…
Désormais, je vais me concentrer sur ma course car je suis rassuré et même très confiant quand a la course de ma belle…
Je rappuie sur les pédales et prend enfin mon allure de course, ca y est je suis dedans, je vais d’ailleurs partir un peu vite, mais il faut que j’évacue de surplus d’adrénaline que la vision de ma bouille préférée m’a provoqué.
Pas beaucoup plus loin, je vais revenir sur mon grand blond adoré. Je lui explique pour Yolande, quelques échanges et encouragement et je relance.. Je vais rattraper les 2 potes qui m’avaient doublé. Et vais rouler au chat et la souris avec l’ami Rui pendant les dizaines de bornes qui restent.
Le reste est juste du déroulage selon le plan établi, rouler sans jamais se mettre dans le rouge, objectif course à pied derrière, on caresse les pédales dans les multiples difficultés, grimpettes et côtes, et bonnes allure sur le plat , allure locomotive…
S’alimenter, s’hydrater, profiter…
Et pour profiter, au 70ème kilomètre, il y a ce qu’il faut : un mythe ! La montée du Solarberg…
Une montée en rampe, courte, 2km, mais dans une ambiance de Tour de France.. C’est noir de monde du début à la fin, ca gueule, ca applaudi, sono, ca te claque le dos, un truc de ouf !
Toute cette énergie humaine partagée… Je suis pris d’un fou rire pendant la montée, ils sont complètement dingos !
De nombreux concurrents pleurent en montant ce mythe.
Tout le parcours vélo sera un savant mix de gestion physique et d’adaptation, voir concessions car le vent souffle très fort depuis le début et certaines portions sont très énergivores.
Je serais obligé de m’arrêter malheureusement 2 fois pour une pause pipi, source de perte de temps précieux, car si je ne sais pas pisser en nageant, je n’y arrive pas non plus en roulant !
Sur les derniers kilomètres, je me concentre déjà sur mon difficile objectif final : faire un gros et beau marathon…
Fin du parcours, tu ne pose pas ton vélo toi même dans un rack, un bénévole te l’attrape pour aller te le ranger. C’est pas énorme ça ? Et pareil pour les plus de 4000 concurrents !!
Encore une super bénévole pour m’aider pour mes affaires en T2, enfilage de baskets, gels dans les poches, visière, lunettes, et c’est parti !
Comme d’habitude il faut quelques hectomètres pour dérouiller un peu la machine et avoir une foulée correcte, puis le train se met en route…
L’allure mainte fois travaillée à l’entrainement est stable, malgré le départ en montée à travers une zone industrielle. Nous bifurquons ensuite le long du canal pour une petite boucle de 6km.
J’y croiserais le premier de notre contingent, l’ami Julien. Petite tape dans la main et encouragement au passage, ça fait un bien fou de voir une tête connue, il a l’air bien et ça fait plaisir.
Je croiserais ensuite d’autres amis, cela passe le temps de mater ceux que tu croises et les kilomètres passent plus vite. Une bonne rasade d’encouragements des accompagnatrices des potes fera aussi le plus grand bien.
Le panneau des 10 kilomètres vient de passer et c’est l’occasion de faire un petit checking : les jambes tournent bien, l’allure est bonne et pile dans la cible, l’hydratation et l’ alimentation lors des nombreux ravitos se passe bien.
On repart ensuite sur une autre boucle le long du canal, mais plus longue et en plein soleil, cela va compliquer un peu les sensations, mais les nombreux points d’épongeage permettent de ne pas subir de coup de chaud, synonyme de baisse de performance.
Bon et y’a encore un autre point : je suis désolé pour les âmes sensibles : j’ai encore envie de pisser !
Je ferais en tout et pour tout 5 pauses pipi, ( dont 2 pour rien…. Je crois bien que mon âge réel me rattrape, et ce n’est que dans la tête que j’ai toujours 12 ans … finalement je suis grand-père après tout ! )
Ca ne parait pas grand-chose, ces pauses, mais ça m’inquiète de faire cadeau de minutes entières à mon adversaire du jour, le chrono !
Mine de rien, le panneau 21 kilomètres apparait, re-checkin et tous les voyants sont encore au vert…
Je vais croiser mon grand blond une fois encore, cela fait plaisir car il a l’air bien.
Et la voilà, ma belle… Quelle émotion à chaque fois. Elle a toujours sa banane, je suis sur un petit nuage de la voir avaler cette épreuve de cette manière. On va faire chacun une petite pause de quelques secondes pour échanger quelques mots et un bisou… Je ralenti bien pour attraper à boire et des gels énergétiques et cette pause là m’est beaucoup plus vitale.
Je repars revigoré, et me remet dans l’allure…
26ème kilomètre, et on quitte le bord du canal… On retraverse la zone industrielle, l’ambiance et le public réchauffe le cœur, mais la fatigue musculaire commence lentement son œuvre…
Elle annonce une lente mais certaine baisse d’allure, entrainant son lot de baisse de mental et de signaux de douleurs…
La course commence maintenant, en fait…
Le 30ème est signe du début du combat. Reste 12 bornes, et je fais le point :
Je suis largement dans les temps pour mon sub 10h45, mais il ne faut pas flancher si je veux abattre mon 2ème challenge , celui de faire sub 4h au marathon !
L’inquiétude va grimper quand je découvre que la dernière boucle est en fait vallonnée, et très casse-pattes !
Chaque kilomètre va devenir un round… L’allure baisse, je perds du temps dans les montées, et n’en reprends pas beaucoup dans les descentes…
« Allonge la foulée », « pousse loin derrière », « mange », « boit », « arrose toi », « accélère », « remet-en », « relance », seront les mots d’ordre des kilomètres suivants.
Je calcule, essaye d’anticiper une éventuelle baisse d’allure que je n’arriverais pas à combler cette fois, et tous les voyants ont changé de couleur. Ce sont les signaux qui te disent de ralentir si tu veux aller au bout et passer cette foutue arche d’arrivée.
Je me parle tout haut, « tu es venu là pour péter ce chrono, et tu ne va pas flancher, surement pas » !
Et je pense à ma belle, quelques kilomètres derrière, et qui va forcément connaitre ce même passage difficile, les potes aussi…
Non, je prends le risque, je tire sur l’élastique… C’est aujourd’hui ou jamais !
Chaque kilomètre est un prêté pour un rendu, je rends coup pour coup…
J’ai grimpé la côte en ralentissant, d’accord, alors maintenant tu relances en haut et tu descends au maxi, même si ça fait très mal.
Les derniers kilomètres sont longs, durs… L’objectif de temps marathon tient, je checke à chaque kilo et la réponse reste la même : « tu peux le faire, cours bordel ! »
Tout le reste autour de moi est estompé, tout est focus là-dessus…
Arrive le 40ème kilomètre, symbolique car en général c’est ici que tu es sur d’arriver au bout, mais cela j’en suis certain depuis longtemps. Ce n’est plus qu’un décompte…
J’attrape un verre de coca au dernier ravito et l’avale d’un trait, je vais le déglutir dans la foulée, trop vite, mais rab, cours !!!!
Au loin je commence à entendre le bruit de l’immense stade d’arrivée et de son ambiance de feu.
Le décompte continu…
41 !
Cours !
Sur la fin, on commence à courir sur la fameuse moquette rouge avant de rentrer dans le stade. Puis c’est l’explosion !
Curieusement, le tour du stade parait très court, je n’ai à peine le temps d’en profiter, mais quels sensations…
L’arche est franchie, sans oublier mon petit clic sur la montre…
Vide, les mains sur les genoux… Je ne m’assoit pas car je ne sais pas si je vais réussir à me relever.
Avachi sur une barrière quelques minutes, puis une gentille bénévole me gratifie de félicitations et de la médaille d’arrivée.
Ma médaille personnelle sera quand je regarderais ma montre : marathon en 3h56 !
A bas la fausse modestie… je pense avoir réalisé la journée parfaite, les objectifs étaient tendus mais pas irréalisables, je suis extrêmement proche des chronos envisagés….
J’ai joué avec le fil du rasoir, mais je ne me suis pas coupé.
S’ensuivent dans l’ordre : bière…, retrouvailles avec les potes arrivés, bière, douche, ravito ou je mange de tout et en bonne quantité, signe que tout va bien.
Bière…
Et je vais m’installer dans le stade d’arrivée pour attendre l’arrivée de ma chérie avec un peu à manger et une…. Bière !
Selon mes savants calculs, au mieux, elle peut arriver entre 13h10 et plutôt 13h30 de course.
Je suis donc tranquillement assis dans les tribunes, profitant de l’ambiance et des arrivées de finishers qui s’enchainent.
Je fais une vidéo en direct sur facebook pour montrer l‘ambiance aux potes, et je vois un commentaire de Seb qui dit « Yo vient de passer le 41ème kilo sur le tracker ! »
Hein ? Quoi ? Déjà ?
Purée, je me rue en bas des tribunes, oubliant mon sac et ma…. bière (!) tout là haut !
Je bouscule tout le monde pour avoir une place au raz des barrières. Et quelques minutes après je la vois entrer dans le stade…
Ma championne ! Toujours avec le sourire …. Je suis épaté, estomaqué, la gorge est nouée…
Tellement que lorsque je l’appelle à son passage pour qu’elle m’aperçoive, j’ai du mal à me faire entendre (la vidéo parle d’elle-même)..
Je la suis des yeux se diriger vers l’arche d’arrivée, et franchir son graal… 12h57 ! truc de ouf !
Un petit sprint (tient c’est marrant, t’as plus mal aux pattes, là ! ), pour aller chercher mon sac et faire le tour pour re-rentrer dans la zone d’arrivée…
Et je la vois ( avec déjà une bière dans la main, y’a pas que moi ! ) , séquence émotion… le reste de ce passage restera entre nous deux…
De toute façon, c’est impossible à raconter.
J’en profite pour faire une petite aparté : la bière est sans alcool ! Sinon, je pense que ce résumé ressemblerait plus à ça : ckafoouthlesjléékouurchhhehsdeeux22euuxghzener bitter !
Bref, l’après course habituel, pleurs, retrouvailles, bière ! , douche, bouffe.
Récupération des sacs et des vélos, route, on arrive à la chambre , on pose un cul avec les copains, on bouffe un p’tit bout, puis au lit et impossible de fermer les yeux…
C’est parti pour mini une semaine de flottement dans les nuages…
Comme disait mon vieux Hannibal : « J’adore quand un plan se déroule sans accros ! »
Je tiens à remercier de tout mon cœur, les amis restés à Orlin’s pour le soutien moral, les amis sur place, concurrents et accompagnateurs, pour cette ambiance si chaleureuse et tellement famille, mon grand blond, pour m’avoir fait découvrir son pays, la région de sa jeunesse, « sa » course, et sa belle-maman Lesley, un monstre de bonté.
Quelques chiffres pour finir :
Roth c’est : plus de 4000 concurrents, 6000 bénévoles tous plus dévoués les uns que les autres, plus de 250000 spectateurs…. Je n’ai pas d’info sur les quantité de bières avalées !
Ma prépa : Natation : 120km, 5200km de vélo et 850km de cap.
Chrono : natation : 1h10’11’’ (895ème temps) , vélo : 5h25’16’’ (633ème temps), cap : 3h56’02’’ (711ème temps) , temps final de 10h38’45’’, classement final : 620ème.
Bières consommées après course : le compte n’est pas terminé, d’autres sont à venir ce week-end !
Larmes : beaucoup !
Frissons : énormément !