Le Premier
Ça y est! Je suis devant! Aussi loin que mes yeux
Puissent porter regard, nul autre concurrent
Ne me précède plus. Et je cours maintenant
Tout seul sur ce large chemin souple et sableux.
Ma foulée se déroule, régulière. Heureux,
Tout seul dans le décor, je ne vois plus devant
Qu'horizon forestier, libre et vide de gens.
Ivresse! Griserie d'avenir victorieux!
Aucun souffle de vent ne ralentit mon pas.
Le couvert végétal filtre une clarté pâle
Où chatoient les premières couleurs automnales...
Et les étangs brumeux. Le chemin tourne: un tas
D'autres coureurs par-devant moi s'étagent...
L'illusion n'a duré que le temps d'un virage!