C’est la tradition, tous les ans, des comptes rendus de courses dynamisent notre forum. Sauf que cette année y’a pas de course, ou presque !
Pas de casque aéro, pas de moyenne stratosphérique, ni de «margin gain » dans ce récit mais plutôt l’histoire d’une petite aventure vélocipédique.
L’an dernier je découvre le challenge des 7 majeurs (
https://www.les7majeurs.com/ ), le frère de Mag réalise la prouesse de boucler ce parcourt en moins de 24h. Et cette année mon lieu de vacances est idéal pour prendre part à ce défi. Le principe est simple, un parcourt de 360 kms qui boucle dans les hautes alpes entre la France et l’Italie et passe par 7 cols mythiques, Izoard, Agnel, Sampeyre, Fauniera, Lombarde, Bonette, Vars. Départ d’où on veut, quand on veut, avec qui on veut. Impossible d’envisager ce truc seul et tout de suite je connais le partenaire idéal qui relève ce défis sans hésiter. Le souvenir de certains moments partagé pendant la diagonale ça rapproche un peu ! Nous décidons donc de nous lancer dans cette aventure à trois, la Montagne, mon pote Fred et moi avec l’objectif de boucler le parcours en moins de 48h et sans assistance. Notre projet prévoit un départ de Guillestre avec 4 cols la première journée, une halte pour la nuit à Démonte en Italie et 3 cols pour finir la boucle le lendemain. L’hébergement est réservé, les vélos révisés, les bonhommes hyper motivés.
Guillestre dimanche matin 6h30, il pleut des cordes, impossible d’envisager de sortir de la voiture dans ces conditions. La météo annonce accalmie et beau temps à partir de 8h30 sauf que si on ne change pas notre plan initial, on va arriver beaucoup trop tard pour notre nuit en Italie. Improviser, tenir compte des éléments ce sera le maitre mot de notre petit voyage. D’un commun accord nous décidons de décaler notre départ au pied du col d’Agnel vers 9h et garder l’Izoard pour le lendemain. Petit café croissant dans une boulangerie et le soleil se lève. Mais un coup d’œil vers les cimes blanches nous inquiète un peu. Quand il pleut dans les vallées, il neige sur les sommets ! Equipement réduit au juste nécessaire et indispensable, une veste Goretex et des gants d’hiver me sauveront la vie, mon pignon de 30dents aussi. Col Agnel, euphorie du départ mais prudence dans l’effort, la neige apparait d’abord dans les prairies puis un peu sur la route pour finir par la recouvrir complètement, 2600m ça caille sévère et ça glisse. Petite photo au sommet vite fait, équipement d’hiver pour envisager la descente, les 2 premiers kms sont très inquiétants mais on voit vite que l’altitude baissant le soleil apparait et la route redevient belle. Qu’est-ce qu’on est content d’être parti, il s’en fallait quand même de peu qu’on retourne se coucher ce matin. Et puis la bascule côté Italien nous donne l’impression de ne plus pouvoir faire demi-tour et d’être poussé à boucler l’aventure. Petit chocolat chaud magique en fond de vallée, avec la peau sur le lait et direction le pied du col de Sampeyre. Il fait beau, on se dessape pour entamer la montée. 20 kms de découverte du macadam italien ! Ca serpente, ça grimpe fort, des trous, parfois absence de bitume, ce sera le cas sur les 3 cols Italiens. En Italie les ponts et chaussés n’ont pas la même façon d’envisager une route de montagne, certains passage à 20% sont un peu surprenants. Classique photo au sommet puis descente qui fracasse cervicales mains et bras sur ces routes défoncées. Arrêt pizza sur une chouette terrasse, il faut prendre son temps et du bon temps, ça fait partie de notre idée de cette aventure. Reste un col à passer, Fauniera, et pas des moindres avant de gagner notre halte du soir dans un petit hameau à 5kms avant Demonte. Encore une belle découverte, l’accueil, l’hospitalité et la gentillesse de notre logeuse justifie à eux seul cette halte pour la nuit. (B&B La nosto Steiletto). Bilan de la journée, 132 kms seulement, 4450m de D+ pour 8h38 de selle et 10h14 de temps écoulé. On peut y ajouter une omelette, des spaghettis, un civet de chevreuil et des pommes sautées. Juste une bière et un verre de vin comme quoi je sais parfois être raisonnable.
Petite dej copieux et savoureux et à 6h40 nous sommes en route pour cette longue journée qui débute rapidement par le col de Lombarde et la bascule en France sur Isola. Deuxième petit dej avant d’entamer la longue montée vers la Bonette , point culminant de notre périple. La faible pente et le beau temps du début font place aux lacets plus pentus, l’orage gronde et nous balance une belle averse de grêle pile poil où par chance des anciens baraquements militaires nous offrent un petit abri pour laisser passer la tourmente et se couvrir. Grosse longue et belle descente sur Jausiers. Toute en prudence, le froid, la fatigue et les traversées de marmottes nous forcent à rester sur les freins. A Jausiers il est très clair qu’on a vraiment besoin d’un ravito copieux, de bouffer n’importe quoi pourvu que ce soit chaud gras et salé. On s’arrête dans le premier rade rencontré, bien glauque mais le taulier nous prépare 2 beaux sandwichs américain qu’on va dévorer rapidement. Le type est un peu étonné quand on lui annonce d’où on vient et qu’il nous reste Vars et l’Izoard pour finir notre journée. A sa question « pourquoi vous faites ça ? » on a très envie de lui répondre « pour pas ressembler à ta clientèle ». Vars semblait facile sur le papier, mais les derniers kms à 9 voir 10% font mal et c’est avec soulagement qu’on retrouve nos épouses au sommet qui nous attendent avec un petit ravito maison. Descente sur Guillestre euphorique, on sait qu’on va aller au bout et nos gonzesses nous on reboosté. La nuit approche, éclairage obligatoire et gilet jaune pour rallier Briançon par cette nationale pas très sympa. Et ces 35 kms ne sont pas plat, y’a le passage à l’Argentière qui fait mal. Enfin Briançon et comme je dois commencer à avoir vraiment une sale gueule mon pote me propose un stop dans une brasserie. 21h40 on décolle pour le dernier col, pas une voiture encore moins de vélo ni moto, il fait froid mais l’ambiance est magique, la route s’élève sous un magnifique clair de lune. Je n’ai pas très chaud, je sens que je ne suis pas loin de mes limites et je redoute un peu le petit malaise, il reste 20 kms de montée, une descente et la chaleur de la voiture nous attend. Comme à chaque fois, on attend le panneau des 10 derniers kms, puis celui du 5 et ensuite on décompte. L’arrivée au sommet est magnifique, la lune nous observe et au final on aura maintenu les 10kms/h sur cette montée. Moonlight party. Descente a 2 de front pour pallier au manque d’éclairage, la case déserte, les lacets, la rampe de Brunissard et un bref arrêt à Arvieux pour se réchauffer un peu et décontracter dos et cervicales. Il fait 4°C, sans doute beaucoup moins en haut ! La voiture n’est plus très loin, on la sent, les derniers kms en remontant le Guil seront vites avalés. Heureux, fier, fatigué. Tellement content de ce partage, l’aventure seul n’aurait pas été possible pour moi.
Bilan de la journée, 233kms, 6383 m positif, 14h20 de vélo.
Et au global de ces 2 jours, 367 kms, 11000 positif et 23h de selle.
Et surtout la découverte du déplacement long, en montagne et en autonomie qui donne une grosse envie d’envisager des parcours plus long l’an prochain (la route des Alpes Seb ?)
Sans doute une publication sur FB agrémenté de quelques photos bientôt.
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