Et voici... Je précise que ce CR n'est pas que destiné à des triathlètes, d'ou les explications qui peuvent paraître rébarbatives pour les initiés... :Le voici enfin, mon CR de Zi Race ! L’Alpsman ! Cette course dont je rêve et me prépare depuis 5 mois… :
(Attention, c’est long mon garçon ! Donc si t’aime pas trop lire, ben passe ton chemin, et si mon histoire t’intéresse, prévois une bonne session aux cabinets, une lecture devant un des programmes super chiants de tf1 ou de pas te faire chopper par ton patron si t’es au boulot !)
St-Jorioz (74) – samedi 8 juin 2019 – 17h43 précises… : « Je suis désolé Monsieur, c’est fermé depuis 3 minutes ! »… Je le savais, je m’en doutais… Mais je n’ai pas lâché, me disant que j’étais peut-être en vrac dans mes calculs… Les bras m’en tombent, abasourdi !
Je m’étais pourtant interdit d’y penser à cette cloche mythique… Celle du fameux « tournant »…
Elle claque mon intro, non ???
OK, je pense que tout le monde ne comprend pas ce que je raconte, voir même que je yoyote un peu, donc pour les non-initiés aux courses distance Ironman, l’Alpsman c’est une course inspirée de celle qui me fait rêver : Le Norseman en Norvège.
Sauf qu’elle se passe à St Jorioz, au bord du somptueux lac d’Anneçy. Les distances sont « standards », c'est-à-dire 3800m de natation, 182Km de vélo et 42Km de cap. Sauf qu’il y a quelques « bonus »…
Le départ natation de prime abord… Tu embarques sur un bateau, à 4h30 du mat’, puis on te lâche au milieu du lac vers Duingt pour un départ en mass-start à 5h30…Juste magique… Nager dans une eau limpide, quoiqu’un peu fraiche 17°C, pendant que le jour se lève..
Le parcours vélo est LE gros morceau du bouzin : Il y a, en tout et pour tout 7 cols à gravir, pour un total de dénivelé positif de 4600m ! Le parcours est superbe, en plein massif des Bauges, mais forcément très usant…
Et la course à pied est atypique aussi : dans le ton du Norseman, il y a le « tournant », un cut horaire… Tu pars sur 2 tours de 12,1Km, et si tu passes à 24 Km avant 12h de course (soit 17h30 pour ceux qui ont séché les cours de maths au collège !), et bien tu fais sonner une cloche, symbole que tu peux finir ton marathon par une montée en trail en haut du Semnoz, 17Km avec 1200m de D+ et terminer « Top Finisher »… Le graal ! … Et si ce cut n’est pas réalisé, tu continue ton marathon sur le bas du lac, une boucle de 6Km puis re-boucle de 12Km et tu deviens un « Lake Finisher ».
Cette course me faisait déjà de l’œil l’an dernier, mais l’opportunité de faire Roth s’était présentée et vu la difficulté pour trouver un dossard, j’avais saisi l’occasion. C’était couru d’avance, ce sera en 2019 !
Et qui s’inscrit en même temps que moi, je vous le donne en mille ?... Ben oui, ma chérie ! Une ouf comme j’aime ! Cette course, elle fait peur, mais je sais que c’est le genre d’épreuve faite pour elle, ou il faut savoir se gérer, et avoir un mental d’acier.
Brefle, nous voilà inscrits fin 2018, et de mon coté ça ne commence pas sur des chapeaux de roues (carbone !
) : Je me fais retirer la plaque que j’avais sur la clavicule en novembre, s’en suit une rééduc’ de l’épaule, suivi d’une tendinite qui durera quelques semaines..
Je prends la saison de cyclo-cross en cours, et les sensations ne sont pas bonnes. J’ai une sciatique qui se déclare et m’empêche notamment de forcer en vélo. La cap n’est pas simple non plus…
Arrive Janvier, début de la préparation, mais la sciatique est toujours en embuscade… Pas grave, je suis mon plan d’entrainement, je reste optimiste et le temps me donnera raison puisque progressivement, cette gène va m’oublier et se terminer en mars…
On continue de se préparer en duo.. Quel pied de partager ça avec sa moitié ! On arrive début mai, un bon stage club à …. Anneçy (tiens…tiens… ), repérages, prise de confiance. On fait 2 courses de préparation, le half de Barcelone mi-mai, on enchaine sur le M de Vendôme sans se reposer et complètement dézingués et la fin du dernier gros bloc d’entrainementest arrivée.On passe en phase d’affutage progressif… Les voyants sont au vert… Yapluka !!!!
On descend une petite semaine sur place en avance avec l’ami Dudu, pour « s’acclimater », se mettre dans l’ambiance, repos, dernières petites séances de sport, quelques repérages et laisser monter tranquillement la pression…
La pression ? Keskessé ? Connait pas ! … Honnêtement, je ne l’ai pas… Il y a quelques semaines, après moultes tergiversations et calculs plus ou moins savants, j’ai zappé l’idée de sonner cette foutue cloche.
La raison ? Je suis trop juste, surtout en cap, ou la sonner nécessite d’être un bon coureur… Et pour compenser, je serais obligé d’appuyer plus fort en vélo, au risque de gâcher toute ma course. Donc, on zappe ! Et l’objectif sera de se faire plaisir, avec une course gérée, pleine et en levant la tête du guidon !
Bon Tartounet, passe le mode « raconte ta life » en mode off, et place à la course, bordel !
St-Jorioz (74) – samedi 8 juin 2019 – 4h15 environ…Et nous voila donc 5 couillons d’Orléans Asfas Triathlon entrain d’embarquer sur le « Libellule », grâce à notre ticket d’embarquement « croisière « alors que tout le monde dort en principe à cette heure.
L’ambiance de matin d’Ironman est toujours la même, mais cela fait tout drôle à l’intérieur d’un bateau. Visages tendus, paroles basses, une sorte de tension collective, tous prêts à faire feu…
On enfile la néoprène, le bateau est arrivé sur l’aire de départ, tous feus allumés, contrastant avec l’eau encore sombre à cette heure…
Vient le moment de se lever et de se diriger vers la sortie de mise à l’eau, je tiens la main de ma belle, je ne lui dirais pas toute la fierté et l’admiration que je lui voue à ce moment encore plus que quotidiennement.. Trop peur que ma voix tremble et fasse couler quelques larmes respectives.
Nous nous dirigeons vers la porte, les concurrents devant nous sautent un à un, puis arrive notre tour.
Un sourire, un dernier bisou, un dernier regard, et on saute dans l’eau ensemble… Un moment inoubliable…
Désormais c’est chacun sa course, ses allures, sa gestion, je sais qu’elle est prête et en confiance… Le profil de la course fait qu’il y a peu de chances qu’on ne se voit de la journée, mais tous les scénarios sont possibles sur ces épreuves de ouf. Je ne pourrais plus que penser à elle tout au long de ma journée.
150m de nage pour se rendre sur la ligne de départ matérialisé par 2 grosses bouées, je mets du gaz car l’eau est fraiche et il faut s’échauffer…
S’ensuit quelques longues minutes d’attente, puis survient le coup de klaxon libérateur !
Nous sommes plus de 500 à nous élancer… Le parcours est en forme de « C » avec des bouées régulièrement placées, nous emmenant direction St Jorioz.
Le soucis, c’est que les bouées, et bien pour les voir, c’est parfois du sport ! Entre la pénombre, les lumières parasites sur les rives, celles des canoës suiveurs, le clapot et les 500 et quelques autres nageurs, la navigation est délicate.
Niveau nage, j’ai d’excellentes sensations, je suis bien, ça glisse et je ne me mets pas dans le rouge… Discipline mon garçon, discipline !!!
Bon en fait, dans le rouge, je vais m’y mettre 2 minutes , pas plus, mais bien de chez bien !!! En 30 secondes, je prends une belle gifle au moment ou je respire et s’ensuit un coup de talon en plein dans l’œil, m’écrasant douloureusement les lunettes dans l’orbite. Je suis entrain de vider la flotte rentrée dans mes lunettes quand en plus un mec a la bonne idée de me rentrer dedans et de me passer dessus. Coup de sang, je me retourne avec la ferme intention de lui coller une patate dans le menton, et je vois une tête qui me regarde.. « Oh merde ! Yan ! »
C’est Mikael, un pote de club..
Les blaireaux ! On est 500 et on arrive à se gêner alors qu’on nage toutes les semaines ensemble à la piscine !
La suite de la natation sera plus calme, nage posée, tentative de navigation le plus droit possible. On arrive vers le village d’arrivée. On passe entre 2 dernières bouées et direction la rive… Je bas des jambes activement pour activer la circulation sanguine et éviter les étourdissements lors du passage en position debout.
Sortie… petit clic sur la montre qui m’indique 1h07, satisfaisant car on a nagé environ 4000m.
Et là une petite tape sur l’épaule, c’est encore Mikael ! On se souhaite une belle course et direction la transition…
Je vais avoir froid en m’habillant, galérant pour enfiler manchettes, coupe-vent, gants, chaussettes et chaussures… Transition en plus de 6 minutes…
Direction mon compagnon à deux roues avec qui je vais passer une bonne partie de la journée et c’est parti mon Mimile !
Traversée de St Jorioz, puis direct dans l’ambiance après 2 Km… Ca monte ! On est venus là pour ça camarade !
On attaque le premier col, Leschaux, pour enchainer sur le Semnoz, le point culminant du parcours, qui se situe à 29Km…
Le plan est en marche… Manger, boire, régulièrement et sans rien zapper. Et surtout… On part doucement… Cool… Zen … La journée va être longue.. Laisse toi doubler, sans t’enflammer. Objectif premier : arriver en haut du Semnoz en aisance sans forcer.
Je rattrape l’ami François dans la montée, purée il a bien nagé, cet enfoiré ! On échange quelques petits mots qui font du bien et je continue. Arrivé en haut, arrêt au ravito pour remplir mes bidons et on bascule dans la descente..
Cette descente habituellement si sympa à faire, et bien ça va être un enfer ! La route a été gravillonnée la semaine précédente et c’est hyper dangereux… On navigue entre tas de gravillons, plaques à la recherche d’une trace à peu prêt potable pour prendre les freins avant chaque virage.
L’organisation avait prévenu heureusement, et pour éviter les accidents par pression du chrono, ils ont rallongé le cut horaire de la cloche de 10 minutes…
C’est pas grand-chose, 10 minutes… Mais vous allez voir plus tard que ça a une importance de taille dans mon récit !
Donc, descente trèèèès prudente, surtout ne pas se mettre au tas, et essayer de ne pas crever !
On se dirige ensuite vers le ravito perso, pause pipi, echange de bidons, remplissage des poches de bouffe, et petit check rapide : Ca mange bien, ca boit, tout va bien… En route, pour l’enchainement des 2 cols à venir : Pleinpalais et le terrible col des Prés.
Pleinpalais est très sympa à monter, et la descente est juste gorgeous.. que des bouts droits avec quelques courbes qu’on peut passer à bloc… Faut se faire plaisir et se relacher…
Vient ensuite le Col des prés, court mais avec des % qui conviennent déjà beaucoup moins à mon gabarit.. Les 3 avant-derniers Km sont terribles, c’est impossible de monter sur la réserve ce coup-ci, l’avantage de monter doucement c’est qu’on a quelques contacts avec les autres, on rigole avec d’autres concurrents en se disant qu’il va falloir revenir dans ce col dans 50 bornes et qu’on montera certainement encore plus lentement !
Et oui, encore une des particularités de cette course : l’enchainement de ces 2 cols est à faire … 2 fois !!! C’est autant une épreuve physique que mentale, car savoir qu’on va revenir sur ces terribles pentes peut vite entamer le plus fort d’entre nous.
Les lombaires ont commencé à se rappeler progressivement à ma mémoire entre-temps. Je sais que c’est mon point faible et qu’il va falloir gérer cette douleur qui va ne faire qu’empirer sur les prochaines heures de vélo.
On repasse au ravito perso pour débuter la seconde boucle. Re-pipi, on fait les pleins et c’est reparti.
Je pense souvent à ma belle, quelques Kilomètres derrière. J’espère que tout roule pour elle.
Dans cette boucle, le temps commence à devenir long, les paysages ne sont plus nouveaux, la fatigue s’installe, il y a moins de compagnie, car les concurrents sont désormais très espacés selon les niveaux de chacun, le coup de mou pointe le bout de son museau.
Il est temps de faire appel à mon fichier « Mandela »… Plein de pensées positives.
Des amorçes de crampes me mordent les ischios, le corps est entamé.. Je force sur l’hydratation car maintenant il fait chaud..
Je vais rattraper la troisième féminine.. Puis la seconde. Elle est impressionnante, elle est sur les prolongateurs dans le col des prés ! Je lui dirais mon admiration en la passant. L’occasion d’échanger quelques mots. On partagera quelques Km ensemble.
Bref, comme prévu, cette partie se fera « au mental ».
Puis vient le moment de basculer vers le retour… Descente à bloc, je me la régale sur ces routes propres avec très peu de pièges. La route qui ramène à Leschaux est un parcours qui me convient bien, c’est plein de répéchos, alternance de rampes et de faux-plats descendants. Le vent est de face, il use encore un peu plus l’organisme, mais les kilomètres s’enchainent et le temps passe vite. On se rapproche de l’écurie et je pense déjà à mes baskets qui m’attendent…
Re-col du Leschaux dans l’autre sens, ça passe, mais impatient d’en finir.. Les signaux viennent de tout cotés qu’il est temps que le vélo se termine… Mal au dos, crampes, fatigue, mal au cul…
Puis elle est là, enfin… La dernière descente ! Je lâche tout, plaisir absolu dans une descente que j’avais déjà repérée. J’ai déjà la tête à la course à pieds.
L’arrivée au parc permet de revoir un peu de public, on entend le speaker, ca fait du bien…
Mon fidèle destrier peut se reposer, pas de soucis, pas de crevaison, merci.
Je cours dans la tente de transition, on est que 3 dedans et me change pour la cap, impatient d’aller me dégourdir les jambes, je n’ai même pas checké mon temps de vélo.
Les baskets sont enfilées, 2 gels chargés, mon bidon ok, reste la visière et les lunettes et là…. Un mec du staff m’annonce « il vous reste 2h20 pour faire les 25 bornes jusqu’à la cloche ! »
Je le regarde 2 secondes, ébahi, mais mon cerveau est déjà entrain de calculer… Putain 2h20 pour 25 bornes !!!! C’est jouable mon grand !!!! C’est même carrément la bonne cote mon garçon !!!
Dans les 3 secondes suivantes, c’est parti ! je me barre comme un dératé, oubliant même de ranger mes affaires et mes lunettes dans la tente et que je retrouverais à la fin bien rangés par un bénévole dans ma caisse de récupération.
Cours mon gars, cours !!!!
La fameuse cloche que j’avais mis des semaines à oublier, et bien maintenant c’est changement de programme … Je ne pense plus qu’à ça ! Le challenge dans le challenge, la course dans la course, le match dans le match… J’adore !
Les premiers kilomètres défilent bien, je suis parti certes un peu vite, mas l’état de fatigue générale m’a vite rappelé à la réalité. L’allure est correcte, la foulée pas trop mauvaise du moins après plus d’1h de nat et 8h30 de vélo.
Je calcule… Si mon allure reste en dessous de 5’30/km, ça passe…
Et la surprise viendra vers le 5
ème Km.. Le parcours CAP, annoncé les années précédentes comme plat et roulant, a été changé, et maintenant ça monte… Ca monte, et maintenant on se retrouve dans des chemins caillouteux, herbeux… L’allure réduit… Irrémédiablement… Une rampe en cailloux m’oblige à marcher, je boue !
Et quand ça monte, que se passe t-il ensuite, hein ? Et ben ça descend mon pote ! Et les descentes dans des chemins caillouteux et bien ça tue aussi les cannes à ce moment de la course… Déjà quand je suis frais, j’aime pas ça, mais là…
On récupère ensuite (enfin !) une piste cyclable… Alléluia, plus qu’à relancer… Oui, mais voilà, ça répond de moins en moins… J’attrape les ravitos à la volée comme sur un format M, je dois passer pour un bargeot , je m’arrose à la St Yorre, « lache pas mon gars… Lâche pas ! »
Et j’arrive au bouclage du premier tour.. Petit coup d’œil à ma montre : 1h10 pour l’effectuer.
« Bon ben le calcul est simple, faut juste faire la même chose dans le deuxième ! »
Oui mais voilà.. La fatigue, les muscles éreintés, la chaleur de l’après-midi, font que l’allure a du mal à se maintenir.. Et j’arrive de nouveau dans ce putain de secteur trail… Je cours , ou trottine plutôt, partout dans ces montées de malheur, sauf dans la plus raide.. Ce que j’aperçois sur ma montre à ce moment me dépite : 12’/Km !!
Je donne tout ce que j’ai dans la descente qui suit, ça fait mal, mais j’y crois encore, je ne calcule plus, plus le temps.. J’ai décidé de tout donner, de courir sans calculs et on verra ensuite, même si une petite voix au dessus de mon épaule me susurre qu’il va me manquer 2 ou 3 minutes..
Piste cyclable.. L’allure est plus basse, je le sens… Je relance… On passe sous la route, la petite montée qui suit donne l’impression d’être collé au sol…
Reste plus que la petite route de retour vers le parc, j’entends l’ambiance au loin.
800 mètres… Cours !
700 m !
600m !
A 500m, je rattrape l’ami Dudu, je lui gueule en passant qu’il me manque 3 minutes…
Quand arrive le moment fatidique d’arriver au fameux tournant.. Une banderole a été tirée en travers. Je demande quand même au signaleur qui se trouve là, et il m’annonce la nouvelle qui n’en est pas une :
« Je suis désolé Monsieur, c’est fermé depuis 3 minutes… »
Rideau ! plus rien ! les bras sont ballants, les jambes en caoutchouc et le moral n’est même plus dans les chaussettes.. Je suis arrêté au bord du lac, avec une furieuse envie de me jeter dedans de dépit.
Laurence me rejoint pour me réconforter, mais forcément rien n’y fait. Puis je vais lui demander si elle a vu Yolande.
« Oui ! »
« Elle est sur la course à pieds ? »
« non ! »
J’ai de suite compris à son ton grave…
« Elle a bâché ? «
« Oui ! »
Le coup de grâce… Les larmes coulent quand Yolande me rejoint et me sert dans ses bras…Toutes les émotions s’entrechoquent.. L’impression d’être dans une spirale infernale, brinqueballé comme un pantin sans plus rien contrôler…
Il va falloir de longues minutes (il me semble) avant de retrouver quelques esprits.. J’hésite à repartir, à quoi bon ?
Finalement j’entame mon 3
ème tour, celui de 6Km… Je marche, les bras ballants et la tête basse… Le combat qui se passe dans ma tête à ce moment est indescriptible…
Tiraillé entre faire demi-tour et bâcher et se remettre à courir… Finalement, le juste milieu sera le compromis… Marche ! Ce sera ta punition…
6 bornes à marcher, c’est long et j’arrive à l’entame de mon dernier tour de 12Km.. Je suis résolu à finir, mais qu’importe le temps, le dépit a prit le dessus sur tout le reste.
Yolande va m’accompagner sur cette boucle, m’inondant de paroles réconfortantes qui mettrons beaucoup de temps à faire leur effet. Elle me pousse à recourir..
Après tout, si je cours, ça durera moins longtemps, alors pourquoi pas…
Nous alternerons donc marche et course dans ce dernier anneau. Re-passage trail… Repère bien le tour, ma belle, car je suis déjà certain qu’avec ton mental, tu penses déjà à prendre ta revanche…
Je n’arriverais même pas à claquer un sourire en passant la ligne d’arrivée…
L’après course est quelconque pour ma part. Ravito, je mange bien, je n’ai pas été malade. Tout passe nickel. Récup du matos, et on attends les potes qui vont arriver ensuite..
La fatigue additionnée à la déception me fait rater la joie d’être finisher de cette magnifique épreuve.. (Il m’aura fallu 10 jours de digestion pour pouvoir écrire ça !)
Suite à cette digestion, l’esprit un eu plus clair et objectif, je peux faire un point :
Ma préparation axée sur l’endurance et ma stratégie de gestion étaient au point. Aucun souci gastrique, l’allure à vélo était la bonne.
Ces 3 minutes peuvent paraitre bien petites vis-à-vis d’une course de 15h30, mais c’est aussi un gain d’allure pas si minime que ça…
Et mon adage favori ne sert à rien si je le répète sans l’appliquer :
Je n’échoue jamais.. Sois je gagne, soit j’apprends… La fin de ce récit sera un hommage à mon très cher ami GG, subitement disparu 2 jours après cette aventure par un coup bas de ce putain de crabe qu’il combattait avec un courage exemplaire depuis 8 ans. Mon GG, pendant cette course, comme dans les autres précédentes, j’ai pensé à toi à de nombreuses reprises. Tu es mon modèle de combativité et j’envie ta force mentale. On a tellement souvent discuté de ces courses que j’ai la chance de faire et que tu aurais aimé partager un jour avec moi. Ces courses, tu les as toutes faites, mon GG. Et je te jure que tu participeras à toutes celles à venir... Mon modèle…