Bonjour,
Je viens vous faire ici un petit CR de ma course à Chamonix; pour ceux qui ont FB
cela risque de faire un peu redondant mais pour les autres cela vous donnera envie...ou pas!
Alors avant d'aborder à proprement parler la course, je vous fais un petit état des lieux préalable.
Je me suis inscrit un peu par hasard sur cette épreuve fin 2015, suite à un défi débile avec un pote
qui entre temps a lâché l'affaire. Vous avez bien lu 2015! Oui mais voilà après la naissance de Sam,
la dernière de notre tribu, j'ai bien délaissé les séances d'entraînement de triathlon afin de profiter
pleinement de Marion et de nos 4 loulous. Du coup l'an dernier, après une année quasi off (juste le triathlon
de Paris, avec drafting ouf, et le swimrun d'Annecy), je n'ai pas couru. Et je vous avoue qu'avec 500km de vélo
sur l'année je ne me voyais pas partir sur ce challenge.
Du coup, j'ai réussi à différer ma participation à cette année, bien motivé à préparer au mieux cette épreuve.
Le principal souci c'est qu'entre temps, mon rythme familial n'a pas beaucoup évolué et mon planning
d'entraînement peu gonflé. J'ai quand même pris le parti d'y aller en profitant de 2 swimrun, avec mon beau frère,
pour parfaire ma condition.
J'irai donc sur l'evergreen 228 avec comme course préparatoire, le trail du vulcain, le swimrun de fouesnant
et le swimrun de la côte Vermeille. Côté entraînement hebdomadaire, ça donne 2 séances natation (1h15+45'),
3 à 4 séances de càp, et vraiment trop peu à vélo (sortie club en mars puis reprise fin juin après le swimrun)
Au total, pour les amoureux de chiffres, j'ai avant de prendre la départ, 2100km de vélo et 13h de Home trainer
et 1900km de càp. Autant dire que je vais gérer cette longue journée où le leitmotiv sera d'aller au bout!
La base est donnée donc place à la course.
J'arrive le vendredi car le briefing obligatoire est à 11h; il fait beau mais on nous annonce des conditions difficiles
pour le samedi et surtout beaucoup d'eau;;;je m'y suis préparé lorgnant depuis 10 jours la météo. Sauf que durant ce discours, le mot neige vient trop souvent à mes oreilles et j'avoue que quelques rictus ont du apparaître sur mon visage.
Qu'importe on est tous là pour affronter ce qui me parait hors norme. Le programme concocté représente 4km de natation,
plate lol, 190km de vélo avec 5290 m de D+ et 41,7km de trail et 2500m de D+.
C'est la 3ème édition et les années précédentes se sont gagnées en 16h. En 2016, le meilleur temps natation est de 1h03, à vélo c'est 7h00 et à pied 7h18, tout ça pour dire que la journée va être longue et je m'y suis préparé mentalement plus que physiquement.
On y est , samedi matin, j'arrive au lac de Montriond à 5h30, il fait vraiment sombre et ce sera une première pour moi de partir dans la nuit sur la partie natation. L'eau annoncé la veille aux alentours de 20 degrés, ce qui m'avait ravi, est en fait à 16,2...(j'ai trouvé le briefing un poil border line sur certains points, je me rends compte que ce n'est pas qu'une impression d'amateurisme des organisateurs). Le départ est prévu à 6h30 donc à 6h15 je suis engoncé dans ma combinaison et direction le plan d'eau. L'eau est froide mais rien d'extraordinaire. Par contre on ne voit rien, juste la première bouée 50m devant nous à côté de laquelle il faudra passer avant de tirer tout droit vers la deuxième. 2 tours nous attendent.
Il y a du retard et c'est statique dans l'eau que nous subissons une nouvelle fois une erreur de parcours de l'organisateur!
Tout le monde se demande un peu la voie à suivre pour aller au bout du plan d'eau mais j'imagine que comme à Embrun le canoë ouvreur aura une lumière, permettant de démarrer le parcours avant la levée du soleil. IL N'EN SERA RIEN!!!
Vous l'aurez compris c'est parti et c'est un peu la panique; je m'étais mis devant et comme souvent ça part vite. Je tire tout droit à la bouée et certains me barrent la route, qu'importe la 2ème bouée doit être devant. Finalement je nage entre 2 trajectoires, seul, en observant la masse mais aussi en regardant si je vois cette fameuse bouée
. Le tempo ralentit et je reprend quelques places; à la fin du premier tour je suis avec 2 autres gars, j'ai l'impression que nous somme bien placés, mais de toute façon, j'ai décidé de nager très cool compte tenu de la suite du programme donc je reste concentré sur ma journée et ce que je me suis fixé. Je sors 3ème en 1h05, de tête c'est ce que j'avais annoncé à Stephan, fan de chiffre, sur ma course idéale. Je crois bien que c'est le seul temps qui sera bon sur cette épreuve
La transition se passe bien, lentement mais je me change complètement pour le vélo et après avoir lu le CR de Thierry en Suède, j'ai même prévu de me sécher avant de m’habiller.
Le vélo commence par 2km de descente pour arriver à Morzine puis nous attendent des gros cols (Joux plane, Coix Fry, Colombière, Romme...) Joux plane se passe bien mais arrive très tôt et c'est sur le 34/27 que je le démarre. Çà me confirme le fait que ce sera très difficile, d'un autre côté ça change des ponts d’autoroute
. La descente se fait sur route sèche, ce sera l'unique, c'est vraiment plaisant, sauf le troupeau de vache croisé au bout de 3 virages.
La suite du vélo se fait sous la pluie, le froid et le vent; autant dans les montées je ne suis pas trop gêné mais dans les descentes cela devient très problématique. Je me remets d'une première hypothermie dans une longue ascension, mais en haut de la Colombière il fait 2 degrès et je n'ai pu remonter en température. J'appréhende réellement la descente de 20km. Je suis tétanisé et ne peux rien faire d'autre que tenir fermement mon guidon. L'alimentation se fait donc seulement sur les ravitaillement ou l'orga n'a même pas anticipé les boissons chaudes!
Le moral est bon un long moment mais je commence à décrocher car je ne vois même pas comment je vais pouvoir aller au bout du vélo. Imaginez, je redemande des cols pour pouvoir me réchauffer, je ne veux plus de plat ou de descente tellement je suis transit de froid. sur ces routes je vois de tout...des athlètes accompagnés par des voitures qui les abritent du vent, qui les ravitaillent à tous moments, qui leur permettent de se changer régulièrement...C'est pas vraiment l'esprit que j'étais venu chercher ici, je voyais plus une solidarité entre coureurs qu'une course à l'aide extérieure. Par contre je suis surpris de voir certains me passer en cuissard/maillot courts, je ne sais pas comment ils font; ils ont peut être une voiture suiveuse aussi. Quand je pense que Marion et Cyrille Clinard (un tueur des mes premières années de triathlon domicilié à Sallanches à présent) m'attendent sagement en aidant les bénévoles à chaque ravitaillement, je me dis que je serai mieux dans la bagnole!
Pendant ces difficultés où je me découvre des facultés mentales, venues de nulle part, du moins jusque là inconnues, je suis ravi de constater que les jambes sont là. Plus j'avance et mieux je grimpe, j'ai du bien gérer cette étape. D'un côté le programme du jour est loin d'être fini, et même si l'on nous annonce que le parcours à pied sera modifié (au briefing on nous a déjà parlé d'une solution de repli pour ne pas aller tout en haut fonction des conditions). Je suis content de revoir Chamonix et j'envisage déjà le réchauffement climatique dont on nous parle depuis tant d'années, enfin mon réchauffement perso suffira à me combler!
Je suis plutôt serein quant à cette transition car j'ai vu en fin de parcours que les jambes étaient là. Les pieds sont sur les chaussures et hop j'arrive au stade qui sert de T2. A ma descente de vélo j'entends Marion me crier qu'il n'y aura que 10km à pied...
Je suis perturbé car beaucoup de choses se bousculent dans ma tête. J'ai d'abord un soulagement en me disant que cette journée galère se termine bientôt. Puis en posant mon vélo je ne comprends pas trop ce qui se passe et ma "fraîcheur" physique me rappelle ce que je suis venu chercher ici, la très grosse difficulté donc on y va merde.
Dans la tente, les officiels nous expliquent plus en détails la situations, prenant le temps de vérifier par la même occasions le matériel de sécurité imposé par l'organisation. Il s'avère qu'il neige à 1500m, qu'un vent monstrueux souffle là haut, et que le peloton de gendarmerie de haute montagne a imposé de ne pas nous envoyer sur les hauteurs. Sur le half certains coureurs sont passés (les premiers), mais depuis 2h déjà tout est bloqué et les athlètes sont redescendus par navettes, comprenez téléphérique!
Çà ne rassure pas vraiment; nous serons envoyés sur une unique boucle de 10km dont 4km à 10% pour clore notre périple pluvieux. Sur cette partie, rien de spécial à raconter. Je sors du parc et pars sur mon allure, d'un autre côté j'ai pas travaillé grand chose à l'entraînement à part l'allure footing. Par contre je me sens bien, ma veste recouvre ma montre donc pas d'info et je n'en ai pas besoin. Je démarre la montée de manière rythmée car c'est très/trop raccourci. Je rattrape un athlètes et me fais poser par 3 relais, là ça envoie vraiment, qu'importe ce n'est pas du tout la même course.
En haut nous attend un ravitaillement hors norme, comme cette course. Je n'ai pas faim mais c'est trop tentant et après tout la course est quasi finie. Je me régale à goutter tous ces mets réalisés sur place, au feu de bois...
Puis j'aborde cette descente digne de l'Otillo Race très dangereuse. J'arrive en bas sans trop de bobos malgré un beau gadin. Il reste 2 km et je suis toujours très bien, sur cette partie plate j'ai toujours cette sensation de fraîcheur (bon j'ai pris le temps au ravito
c'est vrai). J'arrive sur le stade d'arrivée et je boucle cette épreuve avec les mêmes sensations qu'à T2. Je suis content d'entrevoir cette douche chaude plus tôt que prévue, mais je reste sur ma faim car je ne suis pas dans la souffrance physique à la quelle je m'étais préparé psychologiquement. J'ai tellement eu l'effet inverse que cela est très bizarre. On est vraiment maso!
Pour ceux qui ont vu la vidéo d'arrivée, j'ai vécu les jours suivants dans le même état...
Ma prépa n'a pas été optimale, mais j'ai fait avec les moyens du bord comme tout un chacun, mais je vous avoue que vu mon état ça va me faire réfléchir à beaucoup de choses niveau entraînement.
Au niveau mental, je me suis découvert, je n'étais pas bon, je suis moins mauvais aujourd'hui.
Pour finir, je vous fais mon retour sur cette organisation. Lors du briefing, certains points m'ont parus légers, pendant la course tout s'est confirmé. Je pense que les organisateurs n'ont pas du tout anticipé les conditions météo annoncées depuis de nombreux jours. On n'improvise rien sur ce format de course compte tenu de la difficulté. On nous avait annoncé que la route était ouverte, logique sur 190km, mais que des bénévoles faciliteraient notre passage, hormis 3/4 rond point, il n'en fut rien!
De ce que j'ai vu, les organisateurs se sont cachés plutôt que d'assumer une décision, peut être imposée, mais qui de mon point de vue, était censée et logique pour garantir NOTRE intégrité physique. Je pense que 2 tours de 10km comme l'on a fait ne présentaient aucun danger et cela permettait de couper la poire en deux; mais je n'ai pas toutes les infos de ce que la gendarmerie à imposé.
Vous avez mon retour sur cette course extrême dans des conditions très délicates mais où j'ai vu trop de choses qui m'ont déplus. Je reste sur ma réserve bien car je connais trop la difficulté d'organiser, et les conditions n'ont rien arrangé mais uen épreuve aussi vendeuse ne peut/doit faire de sacrifices sur la sécurité des participants.
Avant de conclure, je vous livre qq anecdotes:
- pas de voitures balais, le dernier de l'half est arrivé à vélo à 20h, perdu!
- un père a demandé des nouvelles toutes la journée de son fils car sa puce ne marchait pas, on lui a dit qu'avant 20h30, il ne lançait pas les recherches...sachant qu'un concurrent a lourdement chuté dans joux plane (poignet cassé, poumons perforés...), c'est limite trop limite comme discours.
- à T2 on voit arriver du monde de 2 directions différentes...idem à la fin de la càp de 10km imaginez sur 42!
- de manière plus légère, la douche était froide, je m'en suis donc passé j'avais déjà donné
Je finis par du positif pour le motivés du club qui voudrait tenter leur chance. Le parcours vélo est top et sans doute merveilleux quand on voit au delà de 50m (hormis la fluidité des intersections); la càp a l'air magique aussi même si à la frontale, après coup j'ai un doute sur la sécurité.
Bonne fin de saison à tous, moi je pense continuer à faire un peu de swimrun, car borner à vélo me pose
vraiment trop de soucis pour le moment...mais bon qui sait!
Boule.