Triathlon de Belfort : en résumé :
Arrivés tôt sur le site la veille du triathlon, nous avons le temps de prendre nos dossards, un joli sweat vert grenouille, (vu la météo annoncée, ça tombe bien), puis nous nous présentons au camping où nous attendent deux mobil-homes réservés par Pascal, au confort impec, sauf qu’on aura du mal à tous tenir sur la terrasse. Habillage des vélos, préparation du matériel, footing pour Rui l’infatigable, et même une petite promenade au bord d’un joli lac sympa qui borde le camping… Au retour, les Leffes sont de sortie, avec la bière de Chaingy. Le taboulé, la platée de spaghetti aux lardons, un petit dessert et hop ! dodo tout le monde.
Il pleut.
De larges gouttes serrées s’écrasent à grand bruit sur le toit qui répercute les impacts en longues rafales, claquantes et pétaradantes. De toute façon, chaque fois que je vais dans ces coins, il pleut. Et on dort mal.
Mais bon, c’est le matin, faut bien se lever. Chacun a amené son propre petit dèje et ingurgite sa pantagruélique ration. Le café fume, le thé infuse, ça sent quand même un peu la pression d’avant-course, surtout au moment du traditionnel popo du matin, celui qui n’arrête pas le pèlerin. Sur place, nous rejoignons Dany. Il ne fait pas beau mais il ne pleut pas, l’orage n’est annoncé que pour 17 heures.
Un beau plan d’eau bien claire, un peu verte, nous attend. Sur la plage, petite photo de groupe (la vache, qu’est-ce que j’ai comme bide, cette année !) Rui et moi nous retrouvons sur la même ligne… Poiiin ! c’est parti, les gars les filles tout le monde ensemble, pas de départ décalé, rien qu’un joyeux bordel, où ça court, dolphine, crawle, et cherche son cap. Zut ! mes lunettes prennent la buée, tant pis, je les mouillerai à la sortie à l’Australienne, pour le moment je m’oriente à l’aveugle dans l’axe d’une forêt de bras qui soulèvent de larges gerbes d’écume. Grosse baston au passage de la première bouée, car il faut faire un virage en pointe de couteau après seulement 350 mètres, et on est encore tous en paquet. Ça ira mieux au deuxième tour. Je sors en moins de 37 min, ce qui me va très bien, prends tout mon temps à la transition, et attaque le parcours vélo assez fort.
Trop fort. Je rattrape Dany, mais quand il me passe devant une vingtaine de kms plus loin, je vois bien qu’il est plus frais que moi. Le parcours, très champêtre est une succession de bosses, d’abord faciles à négocier, puis nécessitant des changements de braquet de plus en plus fréquents jusqu’au km 30 où là, ça grimpe franchement pour de bon sur une minuscule route étroite comme tout. Un triathlète est étalé dans le bas-côté, avec un motard qui lui porte secours. Une large plaie suinte à travers sa trifonction râpée. Plus loin, un autre semble dans les pommes, son vélo en vrac dans le fossé, des secouristes s’activant autour de lui. Une voiture médicale monte à contresens vers le lieu de l’accident. Le village suivant est une succession de passages pavés qui secouent comme une machine à laver. Bientôt le Ballon d’Alsace… Le voilà : à la sortie d’un village, la route s’élève, pas trop fort d’abord, puis brusquement. Et les vitesses remontent une à une, mais aucune sensation de facilité ne vient me réconforter. Y’a plus de jus, même après une pause technique. Tiens, voilà Dio qui me rattrape. Il appuie plus fort que moi, avec plus de braquet… et ça passe. Moi j’ai l’impression de monter l’Izoard, et même pire. Mes jambes ne répondent plus et je regarde, dubitatif, mon compteur tomber à 10, puis 9, puis 8, pendant que des tas de gens me dépassent à leur tour. Cette montée n’en finit pas, et ce n’est que du 8%. Heureusement, ça culmine à 1067m et pas 1248 comme je croyais, et on redescend sur une large et belle route sécurisée où, passé quelques lacets, on peut dessiner de belles courbes et se lâcher dans les lignes droites. Reste un peu moins de 30 bornes, mais avec du vent de face, et encore deux bosses qui me font retomber le compteur à douze à l’heure.
Enfin, c’est fini, voilà la course à pieds. Trois tours au profil agréable et plutôt ombragé. Je n’ai vu personne d’autre, je ne sais pas où sont Pascal, ni Bruno, mais je croise Thierry au km 3, il a 6 km d’avance sur moi. Puis c’est Rui qui me tape dans la main lors de mon passage le long du parc à vélos. Il a fini, il me reste 13 km, et j’alterne les moments d’aisance et de détresse. Une ridicule bosse, au km 2, m’oblige à marcher en plein soleil. Ce n’est pourtant pas raide, mais ça ne passe pas. Des passages ombreux sur terrain souple me redonnent une pêche et une foulée d’enfer, mais le retour en plein vent le long du lac me scotche à moins de dix à l’heure. Tous, nous passons par les mêmes moments de jubilation suivie d’impuissance, comme l’attestent nos temps peu flatteurs, sauf Rui le martien, et Dio la mobylette qui finit main presque par reprendre Pascal, lui aussi plutôt à l’aise sur ce parcours. Tiens, j’ai Dany en point de mire : sauf qu’il vient vers moi, puis bifurque vers l’arrivée, tandis que j’entame seulement la petite boucle d’un km qui finit le parcours. Bien sûr, j’aurais pu courir plus vite et sur 19 km, j’avais largement le temps de le rattraper, mais j’ai vraiment préféré jouer cette CàP en touriste pas pressé, buvant, m’aspergeant et m’obligeant à marcher à chaque ravito, simplement pour avoir l’impression de ne pas être dans la souffrance, juste dans une longue promenade. Faut dire qu’avec même pas 100 km de CàP depuis le milieu du mois de mars, mon seul but était de finir le moins cassé possible. C’est Speaker Oliv’ en personne qui m’accueille à l’arrivée et on échange quelques mots. L’ASFAS a toujours la cote !
Le ravito final est normal, sans plus. Pas de taboulé ou de salade de nouilles, ni de salade de fruits, pas de yaourts… Il y a des tucs, des bretzels, mais ça ne passe pas, de l’eau gazeuse… Je dévore quelques quartiers de kiwis et quelques bouts de pastèque, jette un coup d’œil aux tables de massage pour voir si j’y reconnais quelqu’un, récupère un très beau T-Shirt finisher en vrai jersey, sans pubes tape-à-l’œil… et puis je me dirige vers le parc à tout petits pas de tout petit vieux.
Nous avons tous le temps de nous rhabiller et de ranger les vélos quand nous rejoint un Bruno radieux, tout content d’être allé au bout et d’avoir fini son seul triathlon de la saison sans dommage et dans le plaisir.
Un petit arrêt à la supérette du coin (hé oui, on est samedi) nous permet de refaire le plein de provisions liquides et solides. Dany nous a rejoints au camping avec sa petite famille, et après une longue et voluptueuse douche, on se regroupe sur la terrasse du mieux ensoleillé des deux bungalows. Les capsules valsent, les canettes pschhittent et les cadavres s’entassent (on en comptera trente-quatre…), les crakers descendent au fond des estomacs, puis les flammenküches… Il reste des spaghetti, des compotes… Bref le repas se poursuit jusque tard dans la nuit, avec force rigolades et anecdotes diverses… On peut faire tout le bruit qu’on veut, vu que les voisins sont aussi des triathlètes et qu’ils ont eu la bonne idée d’aller casser la croûte en ville.
Leur retour marque aussi celui de la pluie, avec des éclairs qui embrasent tout le ciel et de violents coups de tonnerre. On a quand même le temps de ranger, faire la vaisselle… Bonne nuit. Demain, il faut rentrer.
Quoi dire de plus ?
Les plus : Superbe site, eau limpide, jolis parcours, ravitos bien situés, le Ballon d’Alsace, (on dira ce qu’on veut mais c’est une sacrée belle ascension), l’encadrement-sécurité des coureurs avec motards et véhicules d’urgence, fermeture aux véhicules de la route du Ballon d’Alsace, très beau parc à vélo, aire d’arrivée et ravito final bien placés, parking facile.
Les moins : Des ravitos solides insuffisants : le partenariat avec Oversims permet d’avoir de la boisson énergétique, des gels, des barres… mais ça manquait de produits plus courants (bananes, fruits secs, biscuits, voire jambon ou saucisson), que certains d’entre nous aiment trouver sur les longues épreuves. Un coup de balai sur certains passages, ç’aurait pas été du luxe. Le départ natation avec la première ligne droite qui n’est pas dans l’axe de la plage, et la première bouée où tout le monde se monte dessus.
Nos temps : (400 partants, 366 finishers).
Rui : 68ème en 5h08’37 : 32’40 (157)/ 2h59’03 (94)/ 1h31’39 (42)
ThierryD : 225ème en 5h49’58 : 32’42 (160)/ 3h05’36 (136)/ 2h07’06 (311)
PascalC : 265ème en 6h01’48 : 35’17 (257)/ 3h18’05 (230)/ 1h58’13 (271)
ThierryB : 266ème en 6h02’28 : 46’11 (388)/ 3h22’06 (260)/ 1h48’38 (185)
Dany : 307ème en 6h20’33 : 35’40 (262)/ 3h28’25 (295)/ 2h09’46 (318)
Jief : 322ème en 6h27’13 : 36’20 (292)/ 3h38’09 (338)/ 2h04’19 (304)
Bruno : 351ème en 6h58’47 : 34’32 (225) / 3h43’37/ (350)/ 2h32’29 (362) plus les transitions.