Vous faites quoi les 110 prochaines heures

Greg a écrit:

Tellement caricatural

Pas l'article. Le fait qu'un médecin lise forcément le Figaro !!!

Ce petit coté bonne bourgeoisie Orléanaise...

Greg a écrit:

doc fish a écrit:

Je suis tombé sur ça ce matin au peti'déj' :
http://sante.lefigaro.fr/actualite/2014/09/17/22791-coureurs-lextreme-corps-pousse-bout

Tellement caricatural

....

C'est tout a fait normal que tu aies relevé ce trait caricatural. La caricature te va si bien !! Oscar Wilde ne disait-il pas :
" la caricature est l'hommage que la médiocrité paie au génie "

salut Miche,

Dis, tu fais quoi ces prochaines années ? parce qu'être capable de fournir un effort après x heures sans dormir, ton profil m'intéresse ...

pour l'anecdote, après avoir fait une très longue voie (1000m d'escalade) cet été avec un sac énorme, se perdre dans les rappels à la tombée de la nuit, et être obligé de passer la nuit tremblant en pleine paroi attaché à un rocher branlant, avec les orages qui pétaient tout autour, on a pu rejoindre le lendemain soir notre tente après avoir passé .. 41h sans dormir
Ma partenaire s'est alors exclamé "je ne sais pas si je dois te maudire ou te remercier pour cette nuit au final ..."

Miche, une expérience lointaine dans le froid ça te tenterait ? Ce n'est pas toujours facile de trouver des mecs avec un bon mental dans ton genre.
un truc pas trop dur techniquement mais où il faut pouvoir porter lourd et longtemps sans forcément pouvoir dormir, j'ai 2,3 idées en stock..

Vous imaginez Michel et Nono dans la même aventure …

Pa sûr que ce soit très raisonnable

Attention Michel
Nono cherche une nouvelle partenaire....
Prends des mars et des sneakeŕs au cas ou ....

Steph, tu pourrais venir, on ferait un poker accroché au relais la nuit
benoit : pas de mars, mais 4 petits gateaux pour la nuit . je te dis pas l'orgie ensuite en redescendant dans la vallée..

Attention Nono, je ne suis pas du tout alpiniste, mais pas du tout. Après faut voir ce que tu appelles pas technique???

Greg a écrit:

doc fish a écrit:

Je suis tombé sur ça ce matin au peti'déj' :
http://sante.lefigaro.fr/actualite/2014/09/17/22791-coureurs-lextreme-corps-pousse-bout

Tellement caricatural

Pas l'article. Le fait qu'un médecin lise forcément le Figaro !!!

T'es vraiment trés con...Mais ça je le savait déjà...Jusqu'à pas longtemps j'étais abonné au nouvel obs mais les sujets tournaient en rond chaque année : le classement des lycées, des hôpitaux, des villes ect
Pour Fabrice, tu veux que je publie la photo que tu m'as envoyé le WE dernier par SMS?

Michel Ruet a écrit:

Attention Nono, je ne suis pas du tout alpiniste, mais pas du tout. Après faut voir ce que tu appelles pas technique???

par exemple, la traversée d'un truc assez plat mais long, si tu vois ce que je veux dire .. où faut profiter du moindre moment où ça souffle moins pour avancer. avoir plusieurs mois de dispo ...

ha Ouais...!!!! peut être un peu compliqué au niveau du temps mais on en reparlera.

Bon voilà : plusieurs personnes m'ont demandé de raconté ma course .
C'est une première pour moi vous verrez bien....

Bisous et encore merci pour votre soutien et vos encouragements.
Cela m'a vraiment boosté.

La Tor des Géants :

Les 8 mois avant.

Je décide en début d'année de m'aligner sur la Tor des géants début septembre.

1ère étape : perdre entre 8 et 10 kg et bien m'entrainer.
Pour la perte de poids : régime d'une semaine tous les 3 - 4 semaines jusque fin juillet, j'aime trop boire et manger pour tenir plus d'une semaine et encore j'aménage: pour tenir il faut garder du plaisir alors je garde l'apéro du soir et le chocolat.

Je cours régulièrement 3 à 5 fois semaine avec beaucoup de vélo en fin de printemps en prévision de Roth, parce je ne voudrais pas qu'il soit complètement derrière mon vélo hollandais!! et puis Roth fera une belle sortie longue au 2/3 portée donc fatigue qui s'incruste moins dans la carcasse.
Mi juin je fais les 25 bosses en 2h36 avec Jean Batiste (JB) qui fait la Tor pour la 2ème fois, puis le 22/06 un 67 km de montagne exigeant avec 5200 D+ qui m'occupe 12h14 et où je m'en sors pas trop mal dans le classement mais petites inquiétudes avec mes " salomon" très bonne accroche mais j'ai fortement mal aux orteils par moment : problèmes de circulation sanguine j'ai l'impression.
Une semaine plus tard on fait le raid aventure 45 de 100km (donc même si on se débrouille en CO avec Coco on doit bien faire 120-130km de multiactivité...)
Beaucoup de sorties vélo puis Roth le 20 juillet où je peine un peu sur le marathon en 4h20, heureusement que mon coéquipier d'aventure Phil m'aide dans quelques passages un peu à vide.

Puis pendant 15 jours début Aout : 2 semaines de montagne pour une bonne quarantaine d'heures en rando sportive et / ou entrainement trail que je clôture par un trail de 43km entre Morzine et Avoriaz avec de bonnes sensations.

Je me sens bien sans m'empêcher de penser qu'une semaine de plus de montagne aurait été top. Ma hantise et mon facteur limitant c'est les quadris : monter cela va toujours, descendre cela peut coincer au bout d'un moment. Je sais que des descentes de plusieurs heures il va falloir s'en enquiller pendant 5 jours et j'appréhende un peu pour mes cuisses.
Pour ne pas rester trop longtemps sans courir : j'aligne quelques 1h30 ou 2h en bord de Loire quand 15 jour avant le départ je panique un peu étant obligé de me déchausser 1km avant la maison tellement j'ai mal aux orteils.

Je prend RDV chez un podologue et fonce sur le net pour voir s'il n'existe pas d'autres types de chaussures avec une autre conception.

Je tombe sur la marque Hoka qui propose des semelle de 2 à 2.8 cm d'épaisseur pour un grand confort des pieds. Hum!!! plusieurs forums plus loin, la commande est passée et mes péniches arrivent . La sensation est très bizarre entre courir sur coussin d'air et être un peu collé au sol.
(En parallèle, je badigeonne mes pieds plusieurs fois par jour en alternant vitamine A et NoK. sur conseille du podo)

Je me programme" vite fait" un 25 bosses le 27 08 pour me rapprocher des conditions de course.
Chevilles tordues 3 fois en une 1/2 heure puis je m'y fais. Comme il pluviotte je vois bien qu'elles tiennent mal le rocher mouillé et attention au maintien de la cheville, en revanche mon problème " orteils "semble s'éloigner et j'ai de bonnes chevilles.
Donc je démarrerai la Tor avec et garderai mes salomons dans le sac suiveur en cas de pluie.

Etat d'esprit (à l'attention de mes amis non sportifs)

M'aligner au Tor des géants, c'était participer à une aventure assez longue: 150H max, une belle semaine de déconnexion complète où la seule activité est de se gérer au fil de l'eau dans un effort constant en pleine nature et en sachant que la fatigue sera grandissante et l'effort important.
La promenade est extérieure mais aussi beaucoup intérieure. La tête va devoir faire bouger et notamment avancer un corps qui le voudra de moins en moins.
Bon chez Michel le coté plus dur, plus long, plus loin, plus haut, doit aussi être une motivation le connaissant assez bien, voir de mieux en mieux: cela pourra l'aider.

Le niveau de fatigue est important à surveiller pour garder suffisamment de lucidité et de pile :
-pour rester vigilant dans les passages délicats (il y en a plein)
-pour prendre les bonnes décisions quand à "l'administration du corps" : alimentation en 1er, vêtement en fonction des conditions climatiques et de l'heure, choix des pauses, gestions des bobos divers et notamment des ampoules, des frottement divers et autres ongles malmenés...
-pour garder en conscience le ratio : dépense d'énergie / avancement correct

Stratégie :

Je sais qu'au départ je vais essayer de me positionner à peu près au niveau du 1er tiers car habituellement c'est à peu près mon niveau ainsi je me retrouverai au même rythme que les coureurs qui seront devant et derrière moi, je profiterai donc du rythme général.
Mon idée est d'avancer le plus possible en dormant par micro-sommeil (quand je ne tiens plus debout je m'assois : je m'endors sans trainer(difficile pour moi), quand je tombe sur le coté cela me réveille alors je vois si je rajoute une séance ou si je peux repartir).
Je dois pouvoir tenir au moins 48h (jusqu'au milieu du parcours minimum) c'est l'expérience de longueur et de durée que j'ai jusqu'ici.
Après il faudra recharger les batteries par des pauses sommeil de 1.5 à 3 h, plutôt positionnées dans le milieu de la nuit (meilleur sommeil) et plutôt positionnées dans une hauteur afin de mieux repartir en sortant du cirage.
J'ai programmé cela pour indication et repaire d'après la 1ère course de JB et en fonction de mon feeling:
-Valgrisenche :Dimanche 20h30
-Cogne : lundi 15h
-Donnas : mardi 2h30 dormir 2h repartir 4h30
-Gressonney : mercredi 1h : 5h de repos à prendre repartir au pire à 6h
-Valtoumenche : mercredi 15h
-Ollomont : jeudi 3h dormir 3 h repartir 6h
-Courmayeur :jeudi 22h30 total : 108h30
J'ai découpé le circuit base à base en tronçon plastifié : profil et temps de passage et quantité d'eau mini au départ de chaque ravito (le poids c'est l'ennemi et j'emmène toujours de trop).
Alimentation de base : bien manger sur les ravitos et 1 sporténine (on ne trouve plus de dextrose dans les pharmacies) toutes les 30 à 45mn à partir de 2h de course. Une dose de boisson énergétique à toutes les bases.

L'avant course:

Je pars d'Orléans le vendredi matin et Jean Batiste, Caroline et Sandrine rencontrées lors de l'UTMB 2007 me donnent RDV à Courtenay pour faire le voyage ensemble. En plus ils ont négocié avec les proprios (très, très sympas) un matelas gonflable supplémentaire dans la carrée du gîte!!
JB est déjà finisher de la Tor et tous les 3 connaissent bien l'organisation et les montagnes du Val D' Aoste, tout 3 ont un paquet d'épreuves à leur actif (MDS, PTL et autre UTMB...)
Donc très bon début car je n'ai juste qu'à suivre le groupe, no Stress administratif , logistique... Alors qu'au départ le projet initial était : 2 nuits d'hôtel puis tout le matos dans la C4 et on verra quand j'arriverai en me disant que l'organisation avait forcément une base de vie d'arrivée pour les coureurs seuls.
Samedi : retrait des dossards , bon : 2 bonnes heures d'attente pour un contrôle méthodique.
Soulagé car j'avais peur que ma veste coupe vent étanche Raidlight de 190g soit refusée, donc poids du sac avec 1.5L : 5 à 5.2 kg.
Samedi soir : prépa du sac qui nous suit de base en base.
Je me rend à l'évidence : tout ne rentrera pas , en effet juste la moitié en fait de ce que j'avais prévu ! donc pas de changement intempestif de tenue à chaque base. Avec le recul : ce qui est important c'est : le slip, les chaussettes, le shorty au bout de 2-3 jours, le Tshirt mais le mien sèche en 10 mn et basta.
Je coupe grosso modo tout en deux (sauf : le nombre de slip et de chaussettes propres pour chaque base) en faisant des choix un peu compliqués.

1ère erreur :
J'ai fait attention à mon sommeil depuis une bonne dizaine de jour et je souhaite bien dormir cette dernière nuit malgré la pression qui monte en flèche, déjà les sms arrivent ... envie d'en découdre..etc..vous connaissez!!..
Je finis par prendre un lexomil entier pour être sûr de très bien dormir mais pour finir je ne dors que 2h30 et 3 heures maximum, je ronchonne après moi mais bon c'est le matin ptit déj aux pates et gato sport...et Go

Dimanche matin 10H
-Le départ est lancé, il y a un monde de folie en spectateurs, le temps est superbe. Avec JB, on remonte de l'arrière sur les 2.5km de route et c'est parti pour un long monotrace en file indienne.
-Je dois être bien car le rythme me convient parfaitement (je m'apercevrais plus tard que je suis au tiers des coureurs donc nickel).
-belle journée, la file s'étire, les cols se succèdent mais je comprend dans l'après midi en m'endormant dans les montées que le lexomil fait maintenant effet (pas malin Michel). Bon l'eau des torrents et quelques baffes prodiguées par mes soins m'aideront à passer ces 2 coups de barre anormaux!!!

-1ère base de vie en vue pour arrêt au stand ( cela me fait penser aux courses automobiles)
20h47 pour les 20h30 programmé : hasard probable mais c'est pile dans la plaque
-mise en charge Garmin et Tel
-douche
-changement de slip et chaussettes , ne pas oublier la vaseline à droite à gauche et surtout au centre (j'ai croisé plusieurs coureurs qui avaient le "cul" en lèvre de babouin, à les écouter cela ne donne pas envie d'essayer)
-lavage du maillot manche courte extra léger, tourniquet dans la douche comme sèche linge et séchage en 10mn sur moi.
-petit plaisir : lavage des dents
-manger -boire (super ils fournissent de la bière qui est très bonne: alors une 1/2 cannette - pur bonheur) ravito très bien achalandé mais ne pas trop s'attarder. (C'est quand même un ravito qui se rappellera de mon estomac)
-remplir camel
-un extra : pour la 1ère fois sur une course je me fais masser les quadris , j'anticipe car ils sont encore bien mais je me dis que cela les prolongera certainement (très bonne idée avec le recul)
-pointer et repartir
Nuit idéale, je reste habillé comme la journée (mon copain Yves il dit : si tu as froid c'est que tu n'avances pas assez vite ( çà's'tient))
Cà y est, je suis bien dans ma course, bien dans mon corps et dans ma tête, les pensées parasites sont parties : que du bonheur.
Coup de fil à Coco qui m'encourage, me dit que j'ai l'air en forme et que beaucoup de monde me suit.
Super , je ne vais pas les décevoir mes copains sportifs, (et çà pour me booster pas mieux !!! encore merci à vous tous)
Moment de sérénité : la lune et les étoiles, l'air calme, les bruits des torrents, l'ombre des massifs ..... On est souvent seul sur cette course: on est que 700 au départ sur beaucoup de km...
Bien se caler sur son rythme : marche rapide en montée "couretage" sur le plat et dans les descentes quand cela ne descend pas trop vite.
1er p'tit coup de pompes pendant cette nuit douce dans l'ascension du 2ème col de la nuit " l'Entrelor ", alors : un p'tit coup de ferme les yeux et puis recharge et repart. (pour faire une mini pause des yeux prendre soin de s'écarter du sentier si on ne veux pas les frontales dans la tête et les "çà va" inquiets et interrogateurs des autres trailers, justifiés par ailleurs).
Eau Rousse lundi 6h20 :
Cela va plutôt bien, je ne regrette pas mon choix hasardeux de chaussures péniches de dernier moment : pas stable mais à ce stade mes pieds sont encore en bon état et ce sont pour moi les pièces les plus importantes de la machine, facilement à l'origine de douleurs pénibles. Je commence quand même à sentir quelques frottements pour de futures ampoules mais rien de grave.
Je suis rassuré par mes quadris qui encaissent les successions de descentes sur des chemins chaotiques faits souvent de marches en blocs de schiste pouvant aller jusqu'à 30-40cm piège à bâtons et à cheville (déjà croisé 2-3 bâtons cassés) et qui n'en finissent pas ....et qui n'en finissent pas....etc...
Ascension du Loson à 3300, 3ème col de l'étape , bon un peu passé à 4 pattes et au ralenti sur les derniers 2-300m. Maintenant 22km de descente, et bien c'est long, très long plus de 2 h30 - 3h à rester vigilant, orteil en salade dans le fond des baskets.
L'arrivée à Cogne est un peu un soulagement, je viens de faire l'étape la plus dure après celle qu'il va y avoir entre Donnas et Gressonney.
Content: arrivée à 12h15 pour une arrivée programmée à 15h, va falloir que je calme je viens de laisser un peu d'énergie.
Belle base de vie, rien de particulier, pas mal de monde , j'essaie de ne pas trop trainer. "Soignage" d'une ampoule et prévention sur 2 frottements, je décide de garder les mêmes chaussures pour l'instant. En parlant de chaussures, je dirai que 30 % des coureurs ont ce type de chaussures à semelles compensées. Je vais surveiller dans l'avenir, il semblerait que plusieurs marques se soient aperçues qu'il fallait faire quelques choses pour le long, notamment Technica qui a l'air en avance et plus stable que Hoka. (à suivre)
Je repars dans la roue d'une paire de potes qui tourne à deux. Cognes Donnas moins difficile hormis les 5-6h de descente où l'on prend bien conscience de la définition du mot interminable c'est là que la promenade intérieure entre en action tout en restant vigilant, j'ai encore croisé quelques bâtons qui ne serviront plus.
Mes compères m'emmènent jusqu'au rif Dondena où l'accueil est tellement sympa que je traine un peu et puis ils allaient un peu vite pour moi. Je sais qu'après Donnas il faut être en forme.
Depuis le départ les paysage sont époustouflants et très variés (en tout cas le jour). Le plus impressionnant, c'est l'accueil et la gentillesse des Italiens. Tout le monde sait ici ce que vous faites et tout le monde vous encourage. Que cela soit le berger de l'autre versant qui vous aperçoit, l'automobiliste qui vous double en arrivant à une base, les randonneurs nombreux qui pratiquent leur montagne ou des habitants isolés le long du parcours qui sortent la table et la garnissent à votre attention. Vraiment extraordinaire, cela vous porte aussi.
Le Tor c'est réellement la fête de toute une vallée et je ne parle pas des bénévoles sincèrement à votre service, répondant à toutes vos demandes avec enthousiasme et sourire.
On a l'impression d'être l'acteur principal d'une pièce ayant pour décor une superbe vallée où les habitants vous donnent la réplique tout en vous applaudissant.
Donnas : Dilemme
Je prend un peu mon temps conscient de ce qui m'attend après.
Je dors, je dors pas , le moment est idéal pour dormir mais j'ai l'impression d'être bien même si j'ai des ptits coups de pompes par moment. Après échange avec mon PC Course "Coco" je décide de faire encore un bout avant une pause plus longue. Et puis pour mon plaisir de compétiteur cela va me faire gratter probablement quelques places le temps que les dormeurs me redoublent quand moi je dormirai (un moment va falloir ). Par sécurité, je prend une 2ème couv de survie et un 2ème poncho de secours pour pouvoir me calfeutrer le long d'un rocher si besoin.
Je fais une erreur importante.
Je ne fais pas attention à la météo et ne change donc pas mes chaussures. Je ne sais pas encore que je vais me faire bien saucer, approximativement : 1 fois 1heure, 1 fois 2heures et une dernière fois 5h en fin d'étape (et là je vais pleurer sur la très mauvaise adhérence de mes pneus!!!).
Donnas est une superbe bourgade nichée entre rivière et montagne accrochée à flanc. Je n'ai pas fait 1km qu'il commence à pleuvoir un peu sérieusement. Les 1er 1000m de D+ sont en fait une succession de monter descente et remontée à travers la ville et ses très nombreux escaliers.
Autre erreur, je me suis fais plaisir au dernier ravito de la base de Donnas avec salade de tomate , oeufs durs et autres fraicheurs ! j'ai juste oublié de manger des pâtes ou du riz ou des patates, enfin du carburant pour ma vieille machine qui commence à fatiguer. J'avale vite fait barres, gels et 3 sporténines pour enrayer l'hypo qui pointe. Puis ,je ne tiens plus , je m'écroule dans un coin tranquille où j'aligne probablement 2 fois 3-4 mn de sommeil.
Bon cela repart, et de ruelle en venelle, de vignes en terrasse en allées schisteuses de sous bois, je finis par sortir sur la montagne après 2h30 de marches mouillées plus ou moins hautes, plus ou moins jointives , plus ou moins glissantes sous la pluie qui a cessé.
Encore 2 fois je m'assied sur le bord du chemin pour des micro-instants de sommeil. Et puis je vais être tranquille jusqu'à Gressonney (en tous cas coté sommeil).
L'arrivée sur le rif Coda (mi-parcours) est sublime. On y arrive en montant progressivement dans une végétation très verte faite de rhodo , de bruyère et de myrtillers, c'est très, très joli (un peu Breton).
Devant le refuge Coda, on ne peux s'empêcher de penser que la bascule est enfin là, à partir de maintenant les km vont décroître, je vais courir de 165 à 0. D'un coté c'est bon pour le moral et puis on ne peux s'empêcher de se dire : plus qu'un UTMB. C'est un peu curieux, çà fait sourire et puis très vite on dépêche de ne penser qu' au prochain ravit , qu'à la prochaine base (step by step).
Dans les montées mon souffle est moins facile, j'attribue cela à la fatigue, avec le recul c'est mon dos qui commence à se contracter et diminue ainsi ma capacité respiratoire mais bon cela va. Dans la montée je me suis retrouvé dans la roue d'un sénateur (un gars qui a fait toutes les éditions, ils sont 25) et qui était là pour garder son titre de sénateur mais il ne s'était pas trop entrainé . Heu!!!! j'aurais bien aimé avoir son mauvais entrainement!!!!
la pluie s'est arrêtée mais le temps est menaçant, je me dépêche pour faire la descente au sec mais raté, l'orage éclate, le sentier devient un petit torrent et merde j'ai pas les bonnes chaussures. Pas grave je vais faire gaffe et puis cela tient éveillé.
J'ai pris 3 - 4 chutes dont une en arrière sur un rocher plutôt agressif , heureusement le sac à dos a amorti les 3/4 du choc. Je sens quand même un bleu dans le bas du dos.
Dans cette portion , il était impossible de rester debout et ne jamais tomber. C'est incroyable que je n'ai pas cassé de bâton (j'en croise régulièrement).
Aller jusqu'à Niel, aller jusqu'à Niel, dernier ravito avant Gressoney, la pluie s'est arrêtée depuis un bon moment quand j'y arrive.
Je dois déjà être un peu coincé quand même, car l'infirmière me demande si cela va d'un air soupçonneux... oui, oui... Je mange bien , je fais rire en repartant par un ciseau de coté en appui sur les bâtons (ils adorent les italiens et m'encouragent de plus belle).
Je ne traine pas trop: le temps menace de nouveau. je ne suis pas trop tranquille car j'ai oublié mon coupe vent étanche sur un ravito avant (que je crois, car je l'ai retrouvé au fond de mon sac bien à sa place en déballant une fois rentré au gite). Il faudra à la prochaine base que je trouve un accompagnateur qui puisse me dépanner pour être en règle, le chemin est encore long.
Une 1/2 heure plus tard en début de montée, le ciel s'ouvre sans prévenir et il pleut dru très rapidement. J'enfile un poncho de secours manche courte à 6€ (une petite bâche avec 3 trous), je relève mes manchettes de vélo et je continue ma progression assez lente, 2 pas en avant parfois un demi en arrière. J'ai conscience de ma fatigue alors je prend mon temps. Ma principale angoisse est : s'il y a un guetteur en haut du col, qu'il s'aperçoive que je ne suis pas très bien couvert contre la pluie, qu'il m'arrête en attendant que cela se calme.
J'arrive enfin en haut toujours sous la pluie et à petite allure. Il y a bien un guetteur mais pas de tente d'arrêt de fortune et il est assez loin.
J'accélère comme je peux et m'éloigne de lui . Un petit vent vient refroidir l'atmosphère il ne faut pas trainer, vraiment pas.
Dans la frontale sur le bord du chemin tout à coup une cagette en carton recouverte d'un sac poubelle??? Houha super : une grosse pastèque allongée ouverte et 3 cuillères à l'intérieur. Elle est super goutteuse, petit plaisir inattendu.
On arrive sur une sorte de plateau à vaches avec bourbier par ci par là. Je" recourotte" déjà un peu coincé sur l'avant, dans 5 à 15cm de flotte ou de boue (cela coule de partout) . Il faut avancer , il fait un peu froid, je suis trempé. Pas le courage de sortir d'autre chose de mon sac et je vais tout pourrir en peu de temps si je le fais.
Je m'arrête fréquemment pour essayer de me redresser, je sens bien que l'arrivée d'huile se fait mal en bas à droite de la colonne.
Après les alpages boueux, retour aux schistes pour une descente compliquée de par la pluie, les rochers glissants et ma position stabilisée à 70-80° vers l'avant.
A force d'être coincé en avant, mes abdos qui compensent me brûlent. Après 2h-3heures de descente pénible j'arrive sur Gressoney.
Dans ma tête , je me douche , je me fais masser le dos, je mange, je dors 3 à 5h (sur mon programme c'est 5) et je repars tranquille.
Mon dos et mes abdos sont contractés à mort , j'ai donc un du mal à respirer normalement.
Je n'ai pas franchi 2 m de tapis rouge que les infirmiers veulent m'aider.
Je fais l'erreur du coup d'aller voir directement les masseurs à qui je dois certainement faire peur. Ils ne veulent pas me toucher et là dessus arrive le responsable médical de la course qui me demande des explications.
Après 60 h sans réellement dormir quasiment, j'essaie d'être clair , je fais l'erreur de lui dire que je suis tombé plusieurs fois et que c'est naturel vu les conditions. Cela m'arrive souvent de me coincer même en bricolant chez moi. Un ptit massage , un ptit dodo et cela va se décoincer. Là il me sort que sa décision est prise, je dois lui rendre ma puce.
Tout d'un coup je le sens mal , j'ai dis ce qu'il ne fallait pas il panique alors que moi je sais que je n'ai rien à la colonne. Je demande en joker un appel à un ami. Minuit : peut être que Daniel mon ostéo préféré ne dort pas et va pouvoir me conseiller (zut répondeur). Avant j'ai parlé avec Coco pour me calmer. Daniel me rappelle. Son conseil est simple , un ou 2 doliprane , dormir qq heures et cela va se décoincer en partie, rien d'autre à faire si je suis sûr que mes chutes sont bénignes. C'est si simple!!!! je vais trouver le toubib et le lui répète, je lui propose de dormir et d'aller le voir avant de repartir qu'il constate par lui même. D'un air très froid , il me dis que c'est fini pour moi, que sa décision est prise . Connard je ne peux m'empêcher de penser. J'insiste, j'ai 24h d'avance sur la barrière horaire, je lui propose de signer une décharge totale tous frais de rapatriement à mes frais.... rien à faire la course est finie pour moi. Moi qui pensais être très large et être sûr de finir sauf accident et bien perdu. Je ne vous raconte pas le coup sur la tête.....
Je finis par lui redonner ma puce, alors il me propose quelques choses contre la douleur ! je l'envoie péter.
Daniel avait raison après 5 h de sommeil mon dos était revenu quasi droit. Repartir doucement était faisable et régler l'allure en fonction. J'ai recroisé 2 fois ce toubib sur les bases suivantes, il n'a pas osé me regarder dans les yeux , voyant très bien que cela allait correctement.
Rapatriement Courmayeur dans la matinée, je rejoins Caro qui s'est fait arrêter elle aussi suite à déshydratation . Puis on s'est mis à faire l'assistance de JB et Sandrine, cela aide beaucoup quand on s'occupe de tes affaires : chargement tél, ampoules à soigner, ongle à percer pour évacuer l'eau qui est derrière (cas de JB). Au fur et à mesure on voit la fatigue s'installer sur les visages. De ravito en ravito on voit les coups de mieux puis de moins bien, on essaie de ne pas penser qu'on devrait y être aussi. On a le sentiment malgré tout parfois d'y être et puis non, on est à coté.
Pas facile ce mélange de sentiment et de frustration. Mais pourquoi le scénario a tourné de cette manière , on se repasse le film de nombreuses fois qu'est ce que j'ai mal géré ??
Voilà , il faut rester humble c'est la 1ère fois que je ne termine pas une épreuve.
Aujourd'hui je ne pense qu'à une chose c'est d'y retourner pour la finir. On verra au moment des inscriptions, cela devient aussi compliqué. Certaines années c'est tirage au sort d'autre fois c'est premier arrivé. Il y avait 55 nationalités, dont des coréens, japonais, brésiliens, australiens pour citer les plus éloignés.... alors bon on verra je pense que je tenterai ma chance, c'est un cadre exceptionnel, c'est une ambiance de folie, c'est bien organisé. Il faut juste prévoir son "soignage perso". A part massage des jambes, le staff médical n'a rien pour les ampoules, les bobos de droite et gauche et c'est délibéré je pense.
C'est vraiment dur et j'aurai préféré la finir du 1er coup, c'est plus facile pour ma tête de découvrir une épreuve de A à Z, là il va falloir déjà refaire les 200 premiers kilo avant de finir les 130 restants.
Mais bon j'ai l'intention de la finir cette foutue Tor et pas de travers cette fois j'espère.
Je vous remercie encore car vous m'avez vraiment porté(au fait j'ai perdu 4kg (pesée du lundi d'après à la maison, c'est pas mal comme régime) vraiment merci. Et un grand merci à" mon PC course", mon ami COCO, qui a toujours les mots qui vont bien.
A l'année prochaine.
Miche

Pour quelqu'un qui n'a pas l'habitude ou n'aime pas faire le CR de sa course, bravo!

On vit l'épreuve avec toi et on comprend l'intensité de l'effort. Dommage pour l'arrêt imposé par l'organisation.

Encore bravo et maintenant du repos pour préparer la suite

Christophe

Tu fais ch… Michel … tu donnes envie d'essayer …

Mais je reste lucide sur mes possibilités physiques … et, en particulier, sur mes pieds qui n'étaient que des ampoules géantes à la fin de ma 2eme Diagonale (Ile de la Réunion).

Bravo, tu inspires bcq d'admiration et un sacré respect, en plus de toute notre Amitié.

Bravo Michel. Ton résumé m'a permis de voyager avec toi et de mieux cerner encore la difficulté d'un telle épreuve. Je suis vraiment admiratif de ce que tu viens de faire.
Tu as encore toutes mes félicitations et mon admiration.

Cependant, toi et la troupe de la CCC, vous êtes quand même une belle bande de cinglés. Le pire dans tout cela, c'est qu'a vous lire on fini par avoir envie d'essayer.

Je ne suis pas Toubib, mais moi je constate que le corps s'habitue à plein de trucs à partir du moment ou l'on est progressif.
C'est toujours pareil, il faut commencer par une petite distance puis une plus grande et voir jusqu'ou veut aller ta tête.
Elle te dira naturellement stop un moment. Le principal dans tout cela c'est de prendre du plaisir..... sinon c'est nul.

Miche

Y'a plus d'un sportif du club qui éprouve du plaisir dans la douleur au point d'aller la chercher parfois …

Probablement, les conséquences d'une éducation "judéo-chrétienne" … le paradis se mérite !

ou bien, dans l'effort, voir la douleur, les sens sont exacerbées et la sensation de vivre est plus intense !

Bon, j'arrête car si on commence à réfléchir sur le "comment du pourquoi qui motive", j'ai bien peur que Phil est vite mal à la tête

(Cela faisait bien longtemps que je ne l'avais pas titiller notre président … on l'entend peu ces temps-ci … il doit être en train de préparer l'AG )

En tout cas moi ça me donne envie...!!

Quand vous préparez une cap de malade (Utmb...) prévenez moi, je viendrais ...!!

Miche, je me demande si il ne t'aurait pas manqué une tite séance de piscine d'une heure ou deux avant le départ ?
ça masse le dos !
Quand je vois que certains dont je fais partie sont tourneboulés du bide au bout de quelques heures d'effort sous le soleil, je suis abasourdi par une telle durée de course.
En bonus, on te retrouve sur le forum.
Chapo ++++++++²

Formidable....tu m'as bien transporté sur les cimes de ton périple et ton abandon ne m'a pas fait descendre de ces cimes ou je place ton courage et mon estime pour toi. C est galère mais tu as su ns faire partager ce grand moment. Et, sans ce toubib, je suis sur et certain que tu allais au bout de ton exploit. Etonnant ces mecs bardés de diplômes qui ne savent qu'ouvrir un parapluie sans doute tres souvent pour leur sécurité avant celle des concurrents. Et d' un point de vue médical, je m ' interroge d ailleurs sur qq points de tes mesures préventives telles la vit À sur les pieds ou la vaseline dans les plis inguinaux et fessier ? Et les cp de Vit C comme complement alimentaire ? Très intéressant. À la revoyure, héroïque condottiere des temps modernes

Bonjour,

Je vous remercie de vos supers commentaires.

Je viens de faire une sélection d'une 50taine de photos, quelqu'un peut il m'expliquer simplement comment je peux les poster.

Merci

Tu créer un álbum dans picassa ou facebook

Merci François

Merci Michel pour ce superbe compte rendu vraiment complet. Et un grand bravo quand même pour être arrivé jusque là.
Sur le live, je t'ai vu arriver sur le tapis rouge de Gressonney et je comprends que ta démarche pouvait fortement inquiéter. Mais je ne comprends pas la démarche du toubib, cela ne me parait pas sécuritaire d'éliminer concurrente à son arrivée sur une base car si c'est le principe les concurrents mal en point vont dorénavant chercher à se soigner tout seul dans les montagnes... Après c'est vrai que c'est un peu facile pour moi de critiquer, bien au chaud derrière mon ordi sans avoir à assumer de responsabilité... mais quand même ça me fait vraiment chier pour toi.
Au plaisir de te retrouver et de suivre une nouvelle fois des aventures extraordinaires (relayé par Coco).

De la part de Michel un petit lien sur lequel il a déposé les photos de son périple:

c'est ICI

C'est monstreux de jour, alors la nuit....
Rien à voir avec le trail du Sancy !

Sa donne plus qu'envie, hein coco.

Un Anonyme admirateur .